LE MANUEL DE LA BIBLE.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. § 1. Le livre. - La Bible, si même on ne la considère que d'un point de vue tout humain et sous le rapport littéraire, est l'ouvrage le plus remarquable qui ait jamais para dans le monde. C'est de tous les livres le plus ancien. Les événements qu'elle raconte sont du plus saisissant intérêt. Son histoire dans le monde c'est l'histoire de la civilisation, du progrès et de la prospérité. Les hommes les plus sages et les plus excellents dont s'honore l'humanité ont rendu témoignage à son influence intellectuelle , moralisante et sanctifiante. Ecrite par « les saints hommes de Dieu qui parlaient étant poussés par le Saint-Esprit (2 Pierre, I, 21) » pour révéler « le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu'il a envoyé (Jean, XVII, 3. Ps. XIX) , » la Bible, par son auteur et par son sujet, peut réclamer à bon droit le respect de tous et une étude attentive et consciencieuse.
§ 2. Le manuel de la Bible. - Un manuel de l'Ecriture n'a de véritable valeur qu'autant que l'auteur et le lecteur se rappelleront les deux observations suivantes. Ce sont deux réserves essentielles.
1° Nous ne pouvons pas contempler ce glorieux monument de la vérité divine en simples spectateurs. Notre devoir ne consiste pas à nous tenir en dehors de l'Ecriture pour l'admirer de loin ; il nous faut pénétrer dans son intérieur pour croire et pour obéir. Ce n'est que par la communion du coeur et par notre obéissance que nous pourrons en apprécier la magnificence et les trésors. Elle ne les révèle qu'à ceux qui l'aiment dans l'humilité. Aussi longtemps que nous ne connaissons pas de coeur, nous ne connaissons que de nom (Prov., II, 2-5. Jean, VII, 17).
2° En second lieu, l'étude d'un Guide de l'Ecriture ne doit pas être
confondue avec l'étude de l'Ecriture elle-même. Des secours extérieurs peuvent nous aider dans la recherche de la vérité , nous faire connaître où elle est, sa position, sa nature; mais il faut pénétrer jusqu'à elle pour trouver la véritable lumière. Le chemin que nous avons à parcourir à ses charmes comme étude; mais ce que nous devons considérer surtout, c'est le terme auquel il aboutit ; il mène aux « sources du salut. » Ce n'est ni le voyage, ni la vue même de ces sources jaillissantes, qui pourront désaltérer nos âmes dans le voyage de la vie. C'est à la source elle-même que nous devons puiser. Notre but, c'est « le sabbat et le port du salut» ; notre but , c'est de rendre plus claire, et par conséquent plus abondante en bons fruits, la lecture du Livre de Dieu , de « ce Dieu des livres , » comme l'appelait un théologien de l'ancien peuple de Dieu (Poème de la synagogue, No XIV, dans la collection de Léon Herbert).
§ 3. Les noms de la Bible. - Les noms donnés au saint volume sont importants et caractéristiques. Il est appelé la Bible, ou le livre par excellence, du mot grec , qui désignait originairement, comme le mot latin liber , l'écorce intérieure du tilleul; puis, plus tard, l'écorce du papyrus, roseau égyptien, sur laquelle on écrivit les premiers manuscrits avant qu'on eût découvert l'usage du parchemin , et bien avant la fabrication du papier proprement dit.
Les mots l'Ecriture (2 Tim. , III, 16. Actes, VIII, 32. 2 Pierre, I, 20. Jean, X, 35. Jacq. , IV, 5),
- les Ecritures (Luc, XXIV, 27. Matth. , XXII , 29. Actes, XVIII, 24),
- la Parole de Dieu (Luc, XI, 28. Prov. , XXX, 5),
- les saintes Ecritures (Rom., I, 2),
- les saintes lettres (2 Tim., III, 15) ,
- les oracles de Dieu (Rom., III, 2),
- les paroles de Dieu (Héb. , V, 12),
- les paroles de vie (Actes, VII, 38),
- la loi (Matth., V, 18. Jean, X, 34 ; XII, 34, etc. 1 Cor., XIV, 21),
- les prophètes (Matth., XXVI, 56. Actes, III, 18, 21 ; XXVIII, 23),
- la loi et les prophètes (Matth., XI, 13,),
- l'Ancien-Testament (2 Cor., III, 14),
- ces différentes expressions, disons-nous, sont employées dans les livres du Nouveau-Testament en parlant du recueil de l'Ancien, souvent indifféremment, quelquefois avec une nuance particulière : ainsi, le mot oracle est employé dans l'Ancien-Testament pour désigner le lieu même où Dieu rendait ses oracles , le tabernacle (1 Rois, VIII, 6, 2 Chron. , IV, 20. Ps. XXVIII, 2) : ainsi encore la distinction entre la loi et les prophètes disparaît quelquefois, tandis qu'ailleurs elle reparaît comme une division même des livres de l'Ancien-Testament, le mot loi s'appliquant alors aux seuls livres de Moïse.
§ 4. Les deux Testaments. - La Bible se divise en deux parties bien distinctes : l'Ancien et le Nouveau-Testament. Le mot testament, c'est-à-dire alliance, accord, indique de la part de Dieu le genre de rapports qu'il voulait entretenir avec son peuple d'abord, puis avec l'humanité; il servit plus tard à désigner les livres dans lesquels étaient inscrites les conditions de cette alliance (Exode , XXIV, 7. 2 Rois, XXIII, 2. 2 Cor. , III, 6-14). Le mot original signifie, dans le grec classique, une disposition testamentaire, une volonté; dans le grec postérieur et corrompu, il est souvent pris dans le sens d'alliance, de contrat, de (Gen., XXI, 27-32; XXVI, 28; XXXI, 44.)
Chez les Juifs, l'Ancien-Testament était appelé « la loi, les prophètes et les écrits » ; quelquefois ces derniers , qu'on appelait aussi les saints écrits, en grec hagiographes , portaient les noms du premier d'entre eux , qui était les Psaumes; on retrouve cette division et ce nom dans Luc, XXIV, 44.
D'après Josèphe et d'autres autorités juives, les Juifs comptaient dans l'Ancien-Testament vingt-deux livres canoniques, et les divisaient ainsi qu'il suit.
D'abord la Thorah, la loi, c'est-à-dire
1° à 5°, les cinq livres de Moïse.
Puis les Nebiyim ou prophètes, qu'ils distinguaient en prophètes, historiques ou antérieurs, savoir
6° Josué,
7° Les Juges et Ruth ,
8°Les deux livres de Samuel,
9° Les deux livres des Rois,
10° Les deux livres des Chroniques,
11°Daniel
12° Esdras et Néhémie,
13° Ester,
14° Job,
et prophètes proprement dits ou postérieurs, savoir :
15° Esaïe,
16° Jérémie et Lamentations,
17° Ezéchiel ,
18° Les douze petits prophètes;
enfin, les hagiographes ou écrits saints, savoir
19° Les Psaumes,
20° Les Proverbes de Salomon,
21° Le Cantique des cantiques,
22°L'Ecclésiaste.
Cette dernière catégorie comprenait aussi, dans des temps plus modernes, Job, Ruth, les Lamentations, Ester, Daniel, Esdras, Néhémie et les Chroniques, (lui étaient ainsi distraits de la liste des prophètes. C'est cet arrangement qui a prévalu depuis, et qu'on retrouve aujourd'hui employé dans toutes les éditions de la Bible hébraïque.
§ 5. Le Canon. - Les écrits saints étaient quelquefois appelés le Canon de l'Ecriture, d'un mot grec qui signifie une verge, un bâton droit, une règle, et de là, dans un sens moral et spirituel, une règle, un règlement ou une loi (Gal., VI, 16. Philip., III, 16). Ce terme ne fut pas d'abord très-précis dans les premiers siècles du christianisme, quoiqu'il indiquât d'une manière générale la règle §une opinion ou d'un genre de vie, le drapeau d'une idée ou d'une pratique. Mais déjà, dès le temps d'Origène, on le trouve employé en parlant des livres auxquels les chrétiens étaient d'accord à reconnaître une autorité divine. La Bible devint ainsi le canon , c'est-à-dire la règle obligatoire en matière de religion et de morale.
§ 6. La Parole de Dieu. - Le nom qui résume le mieux et le plus complètement l'idée qui s'attache au livre dont nous nous occupons, c'est celui de Parole de Dieu. Ce titre suffit pour justifier la foi des plus faibles, et il comprend tout ce que les plus savantes et les plus profondes recherches Peuvent nous donner sur les problèmes les plus sérieux de la vie. Nous pouvons dire en d'autres mots, et avec plus de développements, tout ce que ce titre énonce, mais nous ne pouvons pas dire davantage. Ces mots la Parole de Dieu nous apprennent à regarder la Bible comme l'expression la plus parfaite de la sagesse et de l'amour divins.
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