LE VICAIRE EST-IL VRAIMENT VICAIRE ?



FRAUDES ET FALSIFICATIONS

Ajout à la Lettre de Cyprien
Vers la fin du VIe siècle, on entreprit à Rome une falsification dont le plein effet ne se fit sentir que beaucoup plus tard. On fit des additions, conformes aux prétentions romaines. En particulier, le célèbre passage du livre de Cyprien sur l'unité de l'Eglise, dans lequel ce dernier écrivait :
" Tous les apôtres ont reçu du Christ exactement la même puissance et la même autorité que Pierre. "
Ce texte était en contradiction trop éclatante avec la théorie formulée depuis le pape Gélase (492-496). Aussi ces mots furent-ils introduits au texte original :
" La primauté a été accordée à Pierre, afin de montrer l'unité de l'Eglise et de la chaire. Comment celui qui abandonne la chaire de Pierre, sur laquelle l'Eglise est fondée, peut-il se croire encore dans l'Eglise ? " (78)
Pourtant, dans ce même traité, Cyprien affirme que :
" Tous les apôtres étaient tels que Pierre, revêtus du même honneur et de la même puissance et la déclaration que lui fait le Sauveur, s'applique également à tous les évêques. " (79)

La lecture du passage extrait de sa vingt-septième lettre lève les derniers doutes possibles sur l'interprétation que Cyprien a donnée aux textes de l'Evangile relatifs à Pierre :
" De là, à travers les vicissitudes des temps et des successions, ont découlé : et l'ordination des évêques, et la base (ratio) de l'Eglise, de telle sorte que l'Eglise soit établie sur les évêques et que tout acte de l'Eglise soit gouverné par les mêmes préposés. " (80)

Dans l'épître LXXIII à Jubanus, on peut lire encore sous sa plume :
" C'est à Pierre d'abord, sur qui il a bâti son Eglise et en qui il a établi et montré l'origine de l'unité, que le Seigneur a confié le privilège de voir délié ce qu'il aurait délié sur la terre. Après sa résurrection aussi, c'est aux apôtres qu'il s'adresse : "Recevez le Saint-Esprit. Si vous remettez les péchés à quelqu'un, ils lui seront remis ; et si vous les retenez, ils seront retenus." Par là nous comprenons que c'est seulement à ceux qui sont les chefs dans l'Eglise et dont l'autorité repose sur la loi évangélique et l'institution du Seigneur qu'il est permis de baptiser et d'accorder la rémission des péchés. " (81)

Maurice Goguel commente la doctrine exposée par Cyprien comme allant de soi, et selon lui :
" S'il y a une polémique, elle est dirigée contre ceux qui prétendaient que d'autres que les évêques avaient le droit de pardonner les péchés, non contre l'idée que l'évêque de Rome posséderait à cet égard un droit particulier.
Cyprien revient sur le même sujet dans sa lettre à Quintus. Là aussi, il s'élève contre les prétentions d'Etienne et, pour montrer que Pierre n'a pas eu un rang particulier parmi les apôtres, il rappelle le conflit d'Antioche dans lequel "Pierre ne s'est pas prévalu d'aucune primauté mais s'est rendu de bonne grâce à la vérité et aux justes raisons que Paul faisait valoir" (LXXXI, 3). " (82)

On peut conclure, avec Joseph Ludwig, dont les travaux furent exposés dans la Revue Biblique que :
" L'exégèse patristique de Mt., XVI, 18-19 a été souvent utilisée dans les chaudes discussions des derniers siècles autour de la primauté romaine. Mais précisément l'ardeur de la polémique a souvent porté préjudice à l'objectivité de la recherche. On saura donc gré à Joseph Ludwig de l'impartialité loyale avec laquelle il vient de reprendre cette étude… Il ne cherche nullement à dissimuler, par exemple, que Cyprien a combattu les prétentions du siège de Rome, que bien des Occidentaux jusqu'au Ve siècle l'ont suivi et que les Orientaux d'une manière générale ont ignoré ou voulu ignorer l'interprétation que les pontifes romains donnaient à ce passage pour fonder leur primauté. " (83)

Les Fausses Décrétales
Vers la fin du huitième siècle, on prétendait que les évêques de Rome avaient possédé dès les premiers temps de l'Eglise toute la puissance spirituelle dont ils se réclamaient. Et comme il fallait donner à cette affirmation une apparence de véracité, des moines forgèrent de toutes pièces des écrits que l'on donna pour très anciens. Des décrets de conciles dont on n'avait jamais entendu parler établirent la suprématie du pape depuis les temps les plus reculés. Ces fraudes furent accueillies, en leur temps, avec empressement par une église peu soucieuse de vérité.
Parmi ces falsifications historiques, appelées Fausses Décrétales, nous nous occuperons principalement de l'épître de Clément, évêque de Rome, à Jacques.
" L'extraordinaire document a été publié à plusieurs reprises. Quelques extraits permettront d'en estimer la valeur. La première des épîtres fictives, attribuée à Clément qui l'aurait adressée à Jacques, frère du Seigneur, peint l'apôtre Pierre vieillissant assemblant les frères de Rome et leur présentant Clément : "Ecoutez-moi, mes frères et compagnons de service, puisque j'ai été instruit par celui qui m'a envoyé, le Seigneur et Maître Jésus-Christ, le jour de ma mort est arrivé. J'ordonne comme votre évêque, Clément que voici, auquel je confie la chaire de ma prédication et de ma doctrine [...] Je lui transmets la puissance de lier et de délier que j'ai reçue du Seigneur, afin que tout ce qu'il décrétera sur la terre soit aussi décrété dans le ciel. Il liera, en effet, ce qu'il faut lier et il déliera ce qu'il convient de délier." La lettre continue ainsi pendant une quinzaine de pages, plaçant dans la bouche de Pierre un long discours sur les devoirs des prêtres et des évêques, vrai traité de théologie pastorale. " (84)

" Quelle est dans cette Eglise primitive le rôle de l'évêque de Rome ? Le problème a été très discuté. Jésus-Christ avait fait de saint Pierre le chef des apôtres : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise." (Matthieu, XVI). Rome était la capitale de l'Empire, et la tradition veut que Pierre ait fondé et gouverné l'Eglise de Rome. Depuis la Réforme, certains écrivains ont nié qu'il fût venu dans cette ville, d'autres ont affirmé que la primauté de l'Eglise romaine est un phénomène relativement récent. Ceci suppose que l'on considère comme apocryphes certains textes du Ier siècle - épître de saint Clément, évêque de Rome intervenant dans la vie de l'Eglise de Corinthe vers 95 -, et du IIe. " (85)

Comment considérer ces fameuses lettres ? L'abbé Pierre Dentin apporte une contribution intéressante au débat :
" Depuis le IVe siècle, un courant absolutiste a pris naissance à Rome, et il gagne en consistance sous les papes S. Damase (366-384), S. Sirice (384-399) et Innocent Ier (402-417). Le courant devient encore plus vigoureux, vers 450, sous le pontificat de S. Léon le Grand (440-461). Non, la primauté d'honneur ne suffit plus. Le pape est bien plus que l'évêque de Rome et le patriarche d'Occident. Comme successeur de S. Pierre, comme vicaire de Jésus-Christ, il est le chef à qui revient, de droit divin, la mission de diriger l'ensemble de la chrétienté, au plan de la loi comme à celui des mœurs.
Quel dommage que le Nouveau Testament ne soit pas assez explicite sur l'autorité du Vicaire de Jésus-Christ ! Il rapporte au contraire des épisodes de la vie de Pierre qu'il eût mieux valu passer sous silence, par exemple ces reproches cinglants : Arrière Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! (Mc 8, 23), ou bien, alors que Pierre s'enfonce dans les eaux du lac : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? (Mt 14, 31) et surtout, lors de la passion, le triple reniement de Pierre devant la servante : Je ne connais pas cet homme ! (Mt 27, 72). Pourquoi relater la réprimande de Paul à Pierre, en public : Si toi qui es juif, tu vis comme les païens... (Ga 2, 14) ? D'ailleurs, il est trop question, dans le Nouveau Testament, d'amour fraternel et de collégialité, et pas assez d'obéissance et de primauté, vertus dont l'Eglise a tant besoin !
Mais, impossible de censurer l'Evangile ! A défaut d'Ecriture Sainte, si nous pouvions trouver, dans la tradition la plus ancienne, des documents qui établiraient nettement, dès l'origine, l'autorité indiscutable du pape sur toute l'Eglise, quelle opportunité et quelle chance ! Précisément, par un heureux hasard, circulaient vers 850, dans la province ecclésiastique de Reims, des décrétales attribuées à Isidore de Séville (Isidorus Mercator). C'était une collection canonique de lettres des papes et des martyrs des premiers siècles de l'Eglise. Pour plus de vraisemblance, l'ouvrage mélangeait les documents authentiques et les faux. Cette collection, "la plus vaste et la plus réussie de toutes les contre-façons du Moyen-Âge" (Knowles) est connue sous le nom de Fausses Décrétales isidoriennes. Elle comporte deux séries de lettres, toutes inauthentiques : la première va de Clément de Rome (88-97) à Miltiade (311-314) ; la seconde de Sylvestre Ier (314-335) à Jean III (564-574). Le faux document le plus inattendu, c'est une lettre que Clément de Rome aurait envoyée à l'apôtre Jacques, décédé depuis une cinquantaine d'années.
Notons-le, à la différence de la fausse donation de Constantin, les fausses décrétales isidoriennes ne provenaient pas de Rome, mais de la province ecclésiastique de Reims. L'archevêque de Reims, Hincmar, est doté d'un tempérament très autoritaire ; il vient d'ailleurs de déposer son propre prédécesseur Ebbon, et il se heurte d'autre part aux prétentions hégémoniques du pape Nicolas Ier (858-867). Les fausses décrétales proviennent donc du mécontentement des évêques suffragants d'Hincmar, malmenés par lui, et secourus par les partisans d'Ebbon. Pour se défendre et pour mieux briser l'autorité de leur métropolitain, ils revendiquent le droit de faire, contre Hincmar, appel à Rome.
L'intention des faussaires est de traiter le problème de la liberté de l'Eglise, et surtout des pouvoirs de l'évêque diocésain. Pour mieux limiter les pouvoirs de l'archevêque métropolitain, ils soulignent ceux du pape : c'est à lui qu'appartient la juridiction complète, directe, ultime, personnelle, sur l'ensemble de l'Eglise. Toutes les structures situées au-dessus des diocèses (évêques, métropolitains, synodes locaux, conciles) sont désormais liées à l'autorité du pape et doivent être confirmées par lui.
Curieusement, le but premier des fausses décrétales isidoriennes n'était pas de renforcer l'autorité du pape, mais de protéger les évêques suffragants contre leur archevêque métropolitain, dont l'autorité était beaucoup plus proche et plus dangereuse. En fait, les fausses décrétales isidoriennes eurent un effet boomerang : elles furent utilisées pour exalter le pouvoir absolu et la suprématie du pape. Quelle aubaine pour Rome ! Aussi les papes ont-ils cru très tôt à leur authenticité, et aussitôt Nicolas Ier va s'en servir, très maladroitement, pour refuser de reconnaître la nomination, officielle et excellente, de Photius comme patriarche de Constantinople. Du coup, Photius et Nicolas s'excommunièrent réciproquement.
Les faussaires ne se limitent pas aux inventeurs de la fausse donation de Constantin ou des fausses décrétales isidoriennes. Déjà en 500 paraissent les "Faux Symmaquiens". On cite également les Hispana d'Autun, les Capitula d'Angilramme, attribués au pape Adrien Ier (772-795), les "Capitulaires" de Benoît de Mayence. Les collections canoniques ultérieures empruntèrent, avec bonheur, pour soutenir leurs combats, aux fausses décrétales isidoriennes, ainsi Reginon de Prüm, Burchard de Worms, Anselme de Lucques, l'une des sources les plus importantes de Gratien. "Dans la première moitié du XIIe siècle, Gratien, fondateur de la science canonique... cite dans son ouvrage, d'après le pseudo-Isidore, trois cent vingt-quatre passages tirés des papes des quatre premiers siècles, trois cent treize d'entre eux sont manifestement faux." [Hans KÜNG, Infaiffible ? Une interpellation, p. 115] [...]
"Les papes [...] trouvèrent dans les pseudo-isidoriennes un arsenal de textes. A cette époque, la contrefaçon ne pouvait pas être prouvée et pratiquement ne fut pas soupçonnée. Les passages convaincants, originaux ou inauthentiques, furent copiés partout et introduits dans toutes les collections avant d'être finalement déclarés canoniques par Gratien." [M. D. KNOWLES, "Le Moyen Âge", Nouvelle histoire de l'Eglise, t. II, p. 172]. Cette remarquable contrefaçon fut tenue pour authentique jusqu'au XVIe siècle. Les grands théologiens du Moyen-Âge y ont cru, S. Thomas d'Aquin en tête.
"Qui peut mesurer l'influence de la conscience globale et diffuse du fait que des papes martyrs, des papes des origines, avaient déjà réglé la vie de l'Eglise par voie de décrétales, qu'ils avaient déterminé des structures juridiques de l'Eglise et exprimé la conviction de leur primauté dans les termes d'une papauté aussi évoluée et forte que celle de l'époque de Nicolas Ier ... On ne peut nier non plus que, tant par ses canons réglant en faveur des clercs tout le domaine des plaintes, accusations et procès que par le caractère juridique attribué aux évêques de Rome des premiers temps, le pseudo Isidore ait fortement contribué à l'accroissement du juridisme en théologie de la papauté et plus généralement de l'Eglise qui nous paraît être un trait décisif de la réforme dite grégorienne et de ses conséquences." [Y. CONGAR, Revue des sciences philosophiques et théologiques, n°59, p. 287, 288]
Grégoire VII va s'appuyer fortement sur ces documents dont l'effet fut de soutenir les intérêts pontificaux, de recommander le célibat des prêtres, de promouvoir la liberté de l'Eglise et la suprématie du pape. Il ira même jusqu'à écrire : "L'histoire enseigne combien, chez les papes, la sainteté a toujours été entièrement unie à l'infaillibilité. En effet, on y voit peu d'empereurs ou de rois qui aient été sanctifiés, tandis qu'au contraire, sur cent cinquante-trois papes, cent ont été non seulement des saints, mais ont même atteint le dernier degré de la sainteté" (Grégoire VII, "Registre VIII, 21"). " (86)

Jean Rilliet, va également dans le même sens puisqu'il affirme :
" L'œuvre d'Isidore Mercator méritait donc plus qu'une brève mention. A l'heure où la papauté luttait pour affirmer sa primauté sur l'Orient, elle trahit une volonté consciente ou inconsciente, de combler les lacunes que contenaient les écrits des Pères de l'Eglise. Une traduction discutable étoffait sa base théologique. " (87)

Cet avis est confirmé par le théologien I. de Dœllinger :
" A partir de cette époque, commença alors une série de falsifications [Elles commencèrent même avant la fin du Ve siècle avec le pseudo-Clément qu'on invoque au synode de Vaison en 442 (c.6) et qui prête son appui à la théorie d'après laquelle l'évêque de Rome était le locum tenens Petri, le fundamentum ecclesiae. Le pseudo-Clément s'est transformé dans les collections canoniques en document authentique...], les unes exécutées à Rome même, les autres en différents pays, mais aussitôt adoptées et utilisées à Rome.
[...] il est difficile de ne pas voir une erreur intentionnelle dans le cas du sixième canon de Nicée : l'original, en effet, ne contenait pas un mot de la primauté romaine, et le manuscrit romain portait cette addition : "l'Eglise romaine a toujours eu la primauté." Cette fraude fut découverte au synode de Chalcédoine (451) par la lecture du texte authentique, à la confusion des légats romains. " (88)

Force est de constater comme Rik Devillé, prêtre catholique, que des faits accablants ont contribué à l'édification de l'Eglise dès son origine.
" Le fait que le pape de Rome soit devenu le "Vicaire de Dieu sur terre" cadre bien avec le régime politique de Rome mais ne trouve son principe nulle part dans l'Evangile. De plus, l'affirmation selon laquelle Pierre aurait été le premier pape est sujette à caution. Pierre n'a peut-être jamais mis les pieds à Rome. De toute façon, il n'y a jamais été "pape", comme le mentionne la liste des papes romains. Les Actes des Apôtres ne signalent pas le moindre voyage de Pierre à Rome ; or les Actes couvrent une période qui va jusqu'aux années 60. En 42, Pierre quitte Antioche. En 44, il est prisonnier à Jérusalem, en 51, il participe au premier "concile", toujours à Jérusalem. En 54, il est à Antioche et en 68, il est de passage en Asie Mineure. Les origines de la papauté ont manifestement été écrites par des faussaires de l'histoire (notamment saint Jérôme) pour appuyer leur propre "papauté", plus de trois siècles plus tard. " (89)

Wladimir Guettée, ancien prêtre catholique de la fin du dix-neuvième siècle, témoigne en ces termes, après une étude systématique des textes de la tradition catholique :
" J'étudiai la Papauté non dans les livres de ses adversaires, mais dans ceux de ses défenseurs, les Bellarmin, les Zaccharia et tant d'autres. Comme ils prétendent que la papauté a pour fondement la tradition catholique, je contrôlai tous les textes des Pères et des Conciles qu'ils ont cités. Je trouvai que tous les textes cités par eux étaient faux, tronqués, détournés de leur vrai sens. Je dus en conclure que la papauté n'était qu'une institution fondée sur la mensonge. " (90)

De tout ceci, il ressort clairement que la " papauté a été étrangère, complètement étrangère aux premiers siècles de l'Eglise. " (91) Par quelle autorité, le système papal a-t-il pu s'imposer sans base scripturaire solide ? C'est le sujet de notre prochain chapitre.

(78) " Lorsque en 1563, les oeuvres de Saint Cyprien furent éditées à Rome par Manutius, on dut, sur l'ordre des censeurs romains, conserver les passages interpolés, quoiqu'ils fissent défaut dans les manuscrits, ainsi que s'en plaint l'éditeur Latino Latini dans ses Lettres (Viterbii, 1667, II, p. 109). Il en advint de même dans l'édition de Paris par Baluze sur l'ordre du ministre cardinal Fleury. Chiniac, dans son Hist. Des Capitulaires, Paris, 1772, p. 226, nous donne des détails sur ce point. Le ministre institua une commission spéciale de théologiens, pour décider s'il fallait rétablir les interpolations que Baluze avait écartées : mais Fleury était cardinal, et "à moins que de vouloir se faire une querelle d'état avec Rome impérieuse, il fallait que le passage en question fut restitué, parce qu'en le laissant supprimé en vertu d'une décision ministérielle, il aurait semblé qu'on voulait porter atteinte à la primauté romaine. Le passage fut restitué par le moyen d'un carton." - Il va sans dire que dans toute édition critique de Cyprien ces interpolations sont élaguées. V. Reusch. Index, I, 559 ; II, 151 sqq. 687. - Dœllinger croyait que l'interpolation n'avait point pénétré dans les manuscrits. Mais Hartel, præfat. p., XLII sqq. a prouvé qu'en réalité les Codd. MQ (Monac, 208, sæc. IX et Phithœanus sæc., VIIII cf. p. XXXIV sq. X) contiennent cette interpolation. J'ajoute que Deusdedit, lib. 1, c. 216-217, p. 147 sqq. Cypr. de unit. c. 4 sqq. copie presque mot à mot l'interpolation du MQ chez Hartel, et qu'ainsi il existait réellement à Rome un manuscrit interpolé de l'écrit de Cyprien de unitate. Gratien cependant, caus. 24, qu. 1, c. 18, cite encore le passage de Cyprien sans l'interpolation. " I. de DŒLLINGER, La Papauté, 1904, p. 288-289. Comparez les deux manuscrits, celui de MIGNE et celui de Hartel, qui ne contient pas le rajout. HARTEL. Copies en notre possession. Voir également Collection Unam Sanctam des Editions du Cerf, SAINT CYPRIEN, De l'unité de l'Eglise catholique, 1942, p. 8-10.

(79) De cath. eccl. unit., c. 4. Voir De l'unité de l'Eglise catholique, 1942, p. 8-10 ainsi que ANTE-NICENE FATHERS, vol. 5, à l'adresse suivante http://www.ccel.org/fathers2/ANF-05/anf05-111.htm#P6832_2190664

(80) CYPRIEN, ANF, vol. 5, Epître 26, à l'adresse suivante http://www.ccel.org/fathers2/ANF-05/anf05-51.htm#P5180_1576749, § 1.

(81) Traduction du Chanoine BAYAR dans la collection des universités de France, II, Paris, 1925, p. 256. Voir aussi http://www.ccel.org/fathers2/ANF-05/anf05-97.htm#P6266_1984159, § 7.

(82) Maurice GOGUEL, L'Eglise primitive, 1947, p.198.

(83) Revue Biblique, 1954, N°2, p.310.

(84) Jean RILLIET, Tu es Pierre, 1974, p. 106-107.

(85) J.-B. DUROSELLE, J.-M. MAYEUR, Histoire du catholicisme, 1993, p. 14.

(86) Abbé Pierre DENTIN, Les privilèges des Papes devant l'Ecriture et devant l'Histoire, 1995, p. 80-83, 85-87.

(87) Jean RILLIET, Tu es Pierre, 1974, p. 109.
" Si, au XIXe siècle encore, le faussaire trouva des défenseurs dans Dumont et l'abbé Darras, l'unanimité des savants, sans aucune distinction de patrie ou de religion, proteste contre le malheureux succès de cette déplorable fourberie. " Dictionnaire de théologie catholique, 1920, Tome IV, art. "Décrétales (Les Fausses)", col. 221.

(88) I. De DŒLLINGER, La Papauté, 1904, p. 20.

(89) Rik DEVILLE (prêtre cath.), La dernière dictature, 1993, p. 23.

(90) Wladimir GUETTEE, De la Papauté, 1990, p. 7.

(91) Rik DEVILLE (prêtre cath.), La dernière dictature, 1993, p. 25.

Extrait de l'ouvrage de Laurent THAEDER, Tu es Petrus et super hanc petram... Lettre ouverte au Vatican en général et à Joseph Ratzinger en particulier, C.E.R.A., 2001.






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