LibreSens,
bulletin du Centre protestant d'études et de documentation
(n°83, mars 1999)
Livre riche en documents et rigoureux dans leur analyse. On y
découvre que le Vatican, après avoir accepté
quelques liens avec Allemagne hitlérienne et fascisme italien,
demeure impassible aux appels et aux informations adressées
par des prêtres catholiques et responsables d'Eglises. L'ennemi
commun reste le judaïsme, objet d'une persécution
comparable à celles des plus durs moments de l'histoire,
ce qui explique l'indifférence pontificale. La haute hiérarchie
romaine reste insensible aux appels de nombreux modestes fidèles
et prêtres qui, sur le terrain, s'efforcent de porter secours
aux condamnés.
Même si cette étude est douloureuse, même si
elle choque certainement quelques lecteurs, on doit reconnaître
l'importance du travail de recherche qu'elle a exigé.
Après examen général des rapports entre Rome
et l'hitlérisme qui rendent le Vatican sourd aux cris des
Juifs, des Francs-Maçons et des Résistants, des
chapitres sont consacrés à la situation concrète
de plusieurs pays : Allemagne, Italie, France, Pologne, Roumanie,
Croatie, Slovaquie et Hongrie.
Cet important ouvrage s'achève sur une synthèse
des données étudiées. Lecture émouvante
pour ceux qui ont vécu cette période de l'histoire
mais aussi pour ceux qui la découvriront en lisant ce gros
livre. Dieu merci, le monde a évolué, qu'il continue
!...
M. Lapicida
Var
Matin (10 mars 1995)
La vérité outragée
Henri Fabre, médecin aux Adrets de l'Esterel, lance un
nouveau " J'accuse "
Trop d'outrages à la vérité, c'est ce qui
a poussé un médecin à se muer en historien
et à lancer un nouveau " J'accuse ". Mais là
où Emile Zola ne défendait qu'un seul homme, Henri
Fabre parle au nom de millions de victimes.
Cette réflexion de Jean-Mathieu Rosay, prêtre historien,
fera bondir les bien-pensants. Et pourtant les faits sont d'une
implacable réalité.
En effet en scientifique rigoureux et en honnête homme Henri
Fabre n'avance rien sans preuve. " Le Vatican, avec son génie
de la désinformation, affirme le prêtre, a camouflé
les faits et par des alibis commodes, trop anesthésié
les bonnes consciences pour que l'on ne s'acharne pas à
rétablir la vérité ".
La conduite de Rome
" L'Eglise catholique face au fascisme et au nazisme "
avec en sous-titre " Les outrages à la vérité
" est un livre document de 478 pages édité
par EPO.
La préface est signée d'Henri Caillavet, ancien
ministre, président du comité national " Laïcité
République ", dont une section active existe dans
l'est-varois, animée par Lucien Hartmann. Celui-ci écrit
: " Avec patience, érudition, l'auteur aborde les
sujets difficiles de la conduite de Rome face à la dictature
noire. Il tente de cerner la question " Que savait-on au
Vatican ? ", et il donne preuves à l'appui des réponses
irréfutables. Avec sincérité, l'auteur aborde
l'exégèse de textes allemands, italiens, français
de la collaboration, de la plus naïve à la plus ignoble.
Il sait dégager les conséquences néfastes
de cette dernière quant à l'évolution de
notre société meurtrie. Etendant le débat
à la Pologne, la Roumanie, la Croatie, la Slovaquie, la
Hongrie, l'auteur brosse une fresque sans complaisance mais authentique
des abandons, des turpitudes de l'Eglise de Rome. Son scalpel
met la plaie à nu ".
Et il conclut : " Remercions donc l'auteur pour sa quête
d'historien, son courage intellectuel, sa morale tranquille. Il
a fait oeuvre d'humaniste. Souhaitons avec lui que l'Eglise ne
se trompera plus jamais de siècle. "
Des " sans Dieu "
Les réflexions de cette haute personnalité situent
très exactement la situation qui fut celle de l'Eglise.
L'auteur, quant à lui, affirme que les nazis étaient
" d'abominables sans Dieu, même si Hitler était
chrétien ".
Au fil des pages, Henri Fabre explique que " Rome par la
crainte de la colonisation des lieux saints de Palestine a condamné
à mort des dizaines de milliers d'innocentes victimes ".
Huit chapitres sont consacrés au comportement de l'Eglise
catholique en Allemagne, en Italie, en France, en Pologne, en
Roumanie, en Croatie, en Slovaquie et en Hongrie.
Un douzième chapitre analyse quelques légendes célèbres
dont on a fait des pièces à conviction. L'auteur
évoque ensuite les efforts de Jean XXIII et Paul VI pour
sortir effectivement leur Eglise du cloaque antisémite,
avant d'analyser quelques-unes des rechutes les plus voyantes
survenues sous le pontificat de Jean-Paul II.
En guise d'épilogue à ce livre terminé aux
Adrets d'Esterel le 1er juin 1994, nous reprendrons un texte d'Albert
Camus : " J'ai longtemps attendu pendant ces années
épouvantables de la seconde guerre mondiale qu'une grande
voix s'élevât à Rome. Moi, incroyant justement.
Car je savais que l'esprit se perdrait s'il ne poussait pas devant
la force le cri de la condamnation. "
" Il paraît que la voix s'est élevée
; mais je vous jure que des millions d'hommes avec moi ne l'ont
pas entendue et qu'il y avait alors dans tous les curs croyants
ou incroyants une solitude qui n'a cessé de s'étendre
à mesure que les jours passaient et que les bourreaux se
multipliaient ".
J.R.
éditions
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