SECTION IV. - Unité de la Bible.

 

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73. Unité réelle et non formelle. - C'est une chose bien remarquable que la grande règle «unité revendiquée pour tous les livres par les hommes de tous les temps qui se sont occupés de l'art d'écrire soit si complètement observée dans le recueil biblique , composé cependant par plus de quarante auteurs différents, à des époques différentes, à des siècles de distance les uns des autres, dans des pays différents, et traitant de matières en apparence bien différentes. Il n'y a pas d'unité dans le style, il n'y en a pas davantage dans la forme; l'histoire , le cantique, l'oracle, l'argumentation, le dialogue, la biographie, l'épître, se mêlent et se succèdent; les rois, les généraux, les sages, les bouviers, les pêcheurs, prennent la plume tour-à-tour; les uns racontent le passé, les autres l'avenir; les uns exhortent, les autres chantent. Et cependant, au milieu de tant de motifs divers, on découvre une harmonie merveilleuse. Celui qui est infini en sagesse et en puissance fait de toutes ces oeuvres une seule oeuvre animée du même esprit. Chacun vient à son tour , à son heure, apporter sa pierre à l'édifice ; les siècles s'écoulent, et l'édifice s'achève dans la plus parfaite symétrie; le divin architecte a présidé lui-même à sa construction.

Partout un même but moral. C'est l'histoire de l'homme avec Dieu, de l'homme considéré d'abord comme individu, puis comme famille, comme nation , puis enfin comme Eglise. Les livres des hommes s'arrêtent longuement sur des objets tout-à-fait étrangers à la religion proprement dite; les shastres des Indous racontent, avec d'interminables détails) les origines de l'univers; Mahomet expose la théorie physique de la vie à venir, et d'autres choses encore d'une incertitude complète et d'une importance plus que douteuse; le Talmud est rempli de fables, Swedenborg de visions, Rome de légendes et de faux miracles. Tout ce que la Bible enseigne a Dieu pour objet, et l'homme dans ses rapports avec Dieu ou avec ses semblables; tout est à la fois moral et pratique. On n'y trouve ni cosmogonie, ni mythologie, ni métaphysique, ni miracles inutiles et puérils, aucune idée qui ne soit en même temps une réalité. Renouer les relations interrompues entre Dieu et les hommes, rattacher les hommes les uns aux autres , racheter et sanctifier , voilà le but unique, exclusif de ses histoires et de ses cantiques, de ses préceptes et de ses prophéties.

Partout aussi la même unité dans la doctrine. C'est un fait d'autant plus remarquable que nous avons ici, non point des auteurs seulement, mais encore des dispensations différentes. Chacune d'elles cependant reproduit, avec des différences §éclat si l'on veut, les mêmes grands principes du christianisme. Subjectivement, la religion s'est toujours résumée dans ces deux mots : foi et obéissance. Objectivement, et comme système de vérité, elle n'a jamais changé.

Dès les temps les plus anciens nous trouvons la foi à l'unité de Dieu, à la création et conservation de toutes choses par la puissance divine, à une providence tour-à-tour générale et spéciale, à une loi suprême distinguant le bien et le mal, à la chute et à la corruption de l'homme, à la doctrine de l'expiation par voie de sacrifice , à l'obligation et à l'efficacité de la prière, à une intervention directe de Dieu dans les choses de ce monde, à la responsabilité humaine, à la nécessité de la sainteté morale.

La loi donnée par Moïse abonde en cérémonies; elle était évidemment adaptée aux besoins particuliers d'un peuple spécial. L'Evangile n'a qu'un petit nombre de cérémonies d'un caractère très-simple et d'une application universelle. Mais malgré cette triple divergence dans la forme, les deux systèmes reviennent à une même idée essentielle. Ils présentent Dieu et l'homme sous les mêmes couleurs et dans les mêmes rapports, ils développent ou font pressentir les mêmes vérités, ils font naître les mêmes sentiments.

Pour ne citer de ce fait qu'un seul exemple, on peut comparer les tableaux divers et toujours les mêmes qui nous sont présentés à diverses reprises de la nature humaine; l'un est antérieur au déluge, l'autre date des années qui le suivirent de près; un autre est venu huit cents ans plus tard, et se trouve dans le livre de Job; cinq cents ans après nous en avons un autre de David, puis un de Jérémie après cinq cents nouvelles années; et enfin, après six cents ans encore, un autre de Paul (Gen., VI, 5; VIII, 21. Job, XV, 16. Ps. XIV, 2, 3. Jér., XVII, 9. Rom., 1 , 19). Comparés les uns avec les autres, et mis en regard de l'expérience , ces tableaux sont frappants de ressemblance; on ne peut que leur reconnaître une origine commune, et ceux qui les ont tracés n'ont pu avoir qu'un même objet en vue, le relèvement de notre nature déchue par l'humiliation, la repentance et la foi.

La même unité se remarque d'ailleurs, non-seulement dans les vérités que l'expérience et l'observation peuvent constater , mais encore dans celles qui échappent à l'appréciation et à la connaissance de l'homme. C'est ainsi que la Bible révèle partout le même Dieu, saint, sage et bon; qu'elle nous parle de ses conseils pour le gouvernement du monde, et de l'issue de la lutte actuelle entre le bien et le mal (Gen., III, 15. Dan., VII, 14. 1 Jean, III, 8). Elle traite de la nature humaine et du vrai bonheur (Gen., 1, 26. Ecclés., XII, 13. Matth., V, 3 et suiv. Rom., III, 23). Elle met à nu avec une vigueur et une perspicacité Sans égale les secrets mobiles des actions des hommes, et fait ressortir la grande source de toutes les misères, d'ici-bas; deux sujets qui ont dans tous les temps fixé l'attention des sages, et qui ont donné lieu à des solutions aussi vagues et aussi variées que celles de la Bible sont nettes et positives.

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§ 74 Corollaires. - Il résulte des faits qui viennent d'être exposés.

Que la Bible ne doit pas être considérée comme une suite de révélations distinctes, mais comme une révélation une et indivisible. Plusieurs des doctrines exposées dans le Nouveau-Testament ne peuvent être bien établies, et surtout bien comprises que par l'intelligence de l'Ancien. Une dispensation est le complément de l'autre. La première est un type, une figure terrestre; la seconde est la céleste réalité. L'excellence des choses à venir peut se conclure des « ombres » comme de la substance. Le récit des temps passés rappelle des souvenirs et de précieuses associations d'idées. Il nous montre les saints hommes en butte aux mêmes tentations , que nous. Enfin pour certaines natures, à certaines époques, la manière élémentaire et relativement rude et grossière de l'Ancien-Testament, est encore la meilleure préparation à l'étude des vérités évangéliques. On a pu le constater dans l'oeuvre missionnaire; des peuplades insensibles à toutes les révélations de la nouvelle alliance ont paru se réveiller aux paroles de l'ancienne, qui leur révélait, d'une manière plus claire, plus appropriée aux tendances spirituelles de leur caractère et de leur éducation, la sainteté de Dieu et les devoirs de l'homme.

Dans l'harmonie des dispensations nous trouvons encore un sûr critère et de la vérité des doctrines, et de leur valeur relative. Si, par exemple, on conteste que le sacrifice expiatoire et la sacrificature de Jésus-Christ soient révélées dans l'Evangile, ou si l'on ne veut y voir que des vérités secondaires, nous 'accourons aux révélations antérieures; la loi présente une série d'institutions préparatoires et de cérémonies typiques qui ne s'expliquent plus, et ne signifiaient rien, si elles ne sont pas les ombres du sacrifice de l'Agneau sans tache, et du sacerdoce de celui qui est appelé notre souverain sacrificateur. Le sang, l'autel, le saint lieu, l'intercession propitiatoire, sont alors des types qui ne se rapportent plus à rien, et l'économie mosaïque n'a plus de sens. Si au contraire elle a eu une valeur temporaire et locale, mais qu'elle soit maintenant abolie, on suppose que le conseil de Dieu a été modifié et changé; ce qui était vrai n'est plus vrai; ce qui était bon n'est plus bon. La loi était inexorable, maintenant elle s'est relâchée de ses sévérités. La repentance ne suffisait pas seule à procurer le salut; maintenant elle est puissante et efficace pour sauver. Primitivement, l'homme ne pouvait être pardonné que par un sacrifice ; maintenant sa grâce est une prérogative inattendue.

Ce n'est pas là le langage de l'Ecriture. La révélation est un tout dont les parties sont bien coordonnées; les doctrines de la dernière dispensation n'acquièrent leur entier développement, ne révèlent toute leur portée, ne sont pleinement comprises et par conséquent fécondes, que lorsqu'elles sont étudiées à la lumière de leur première manifestation.

 

SECTION V. - La révélation n'est pas un système.

 

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§ 75. Du mode de la révélation. - Ce n'est pas une des particularités les moins remarquables de l'Ecriture que l'absence de toute forme systématique dans l'exposé des vérités divines. On n'y trouve ni compendium dogmatique, ni traité de morale, tandis que tous les livres sacrés des religions inventées par les hommes, le Coran et les Shastres, par exemple, renferment des définitions très-précises sur la « foi, » et les directions les plus minutieuses touchant les jeûnes, les ablutions et les autres détails du service religieux.

Cette lacune dans la Bible est à la fois naturelle et bien instructive. Toute la première moitié de l'Ancien-Testament, et une partie de la seconde, sont purement historiques. La vérité morale transpire seule à travers tous ces récits fragmentaires et succincts. Dieu a été en relation avec l'homme deux mille ans avant de lui donner sa « loi. » Il est naturel de penser que la narration abrégée qui nous est transmise de ces deux mille ans ne renferme pas tout ce que Dieu a révélé aux hommes, comme elle ne nous dit pas sous quelles formes ces révélations ont été données. Aussi, le but spécial de la plus grande partie de la Bible n'est-il pas tant de révéler la vérité , que de donner un corps à la vérité déjà révélée.

Il en est de même du Nouveau-Testament. Il fut écrit pour ceux qui avaient déjà été instruits dans la foi chrétienne, et qui l'avaient embrassée de coeur. On ne peut donc guère s'attendre à y rencontrer un traité régulier d'instruction élémentaire, ni l'énumération des articles de la foi. Les Eglises existaient déjà quand les épîtres furent écrites; elles avaient été formées sous l'influence de l'enseignement des apôtres et sur un divin modèle. Quant aux Evangiles, ils sont purement historiques, et supposent ou laissent percer la vérité religieuse, plutôt qu'ils ne l'enseignent systématiquement.

La religion est objective ou subjective : elle réduit en système la doctrine sainte et les saints principes de la vie pratique; elle S'appelle dogmatique, vérité, ou morale et piété. L'une et l'autre sont révélées dans l'Ecriture, mais plutôt incidemment et sous forme d'exemples, que par un enseignement théorique et systématique.

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§ 76. Exemples. - Les caractères de Dieu, sa puissance, sa sagesse, sa sainteté, sa providence comme maître du monde, les principes immuables et saints d'après lesquels il gouverne toutes choses, en un mot toutes ses perfections sont révélées dans la Bible, mais elles le sont presque toujours par ses oeuvres; et il est bien rare qu'elles soient définies ou même seulement mentionnées sans qu'un fait extérieur ou quelque motif pratique ne les introduise.

C'est après qu'Abraham eut pris Agar pour complaire à sa femme , et pour hâter l'accomplissement des promesses divines, que Dieu, lui reprochant ses doutes, se donne pour la première fois le nom de Tout-Puissant (Gen., XVII, 1). C'est quand Israël désespère que Dieu se révèle à lui comme « le Dieu de l'éternité... , qui ne se lasse point et ne se travaille point, et il n'y a pas moyen de sonder son intelligence (Esaïe, XL, 28). »

Tout est pratique aussi dans ce qui est dit du gouvernement de Dieu sur la terre. Il n'a point d'égard à l'apparence des personnes. En toute nation celui qui le craint et qui s'adonne à la justice, lui est agréable. Ses conseils sont éternels comme lui-même. Il préside aux faits accidentels, à ceux qui nous paraissent souvent n'être que les effets du hasard. Il réalise ses plans par les moyens en apparence le moins propres à les réaliser. Il emploie les méchants comme des instruments de sa volonté. Il pardonne et il est prêt à pardonner. Il entend et exauce les prières. Il juge les secrets motifs des hommes, comme dans le cas de la femme de Lot. Il châtie ceux qu'il aime le plus, Moïse, David, Ezéchias. Il veille sur les justes, et aucun de ceux qui se confient en lui ne sera confus.

On le voit; dans ce tableau tout est pratique. l'image de Dieu apparaît grande et sainte, en dehors de toute préoccupation systématique. Elle ressort des faits.

Ce qui est dit de l'homme n'est pas moins instructif; mais là encore la pratique nous enseigne plus que la théorie. Nous voyons chez les hommes avant le déluge l'incrédulité la plus grossière; l'envie chez les frères de Joseph et chez Caïn; la méchanceté chez Saül; la calomnie chez Doëg et chez Tsiba; le mépris de la Parole de Dieu chez Coré et chez Achab; la cupidité chez Hacan, chez Balaam , chez Guéhazi, chez Judas; l'ambition chez Abimélec et chez les fils de Zébédée; l'orgueil chez Ezéchias et chez Nébucadnetsar.

Les contradictions du coeur humain nous sont montrées en exemple dans la personne d'Achitophel, ami et traître; de Joab, le brave soldat, le serviteur dévoué, cependant un méchant homme, rebelle aux ordres de Dieu, et complice d'Adonija; Joram ôte la statue de Bahal, et néanmoins il adhère aux péchés de Jéroboam; Hérode a du respect pour Jean-Baptiste, et néanmoins il s'endurcit dans un esprit de désobéissance, et fait trancher la tête au précurseur; Agrippa croit aux prophètes, et repousse l'Evangile; les principaux chefs du sanhédrin croient aux miracles de Jésus-Christ, qu'ils ne peuvent nier, et ils votent sa mort. David et Balaam nous montrent combien il est facile d'arriver à s'étourdir et à se tromper soi-même sur son état de péché; l'empire fatal du préjugé se révèle chez Naaman et chez Nicodème, chez les hommes d'Athènes et d'Ephèse; la force de l'habitude chez Achab, qui s'humilie devant Elie, et qui retourne à ses idoles, et chez Félix qui trembla une fois, mais dont l'histoire ne dit pas qu'il ait tremblé de nouveau à salut.

Le danger des mésalliances religieuses est signalé déjà avant le déluge; nous le retrouvons chez Esaü, chez Salomon, dans l'union de Josaphat avec la maison d'Achab par Hathalie, dans le mariage d'Achab avec Jésabel; Roboam et Hosias nous montrent les dangers d'une trop grande prospérité.

Les vertus chrétiennes sont également résumées dans de mémorables exemples, plus encore qu'elles ne sont définies; Abraham est un modèle de foi, Job de patience , Moïse de douceur, Josué de décision , Néhémie de patriotisme, Jonathan d'amitié. Anne est un modèle pour les mères; Samuel, Josias , Timothée pour les enfants; Joseph et Daniel pour les jeunes gens; Barzillaï pour les vieillards ; Elihézer pour les serviteurs;, David pour les hommes qui sont en autorité; notre Seigneur lui-même pour tous les âges, pour tous les devoirs, pour toutes les souffrances, pour tous les hommes et dans toutes les circonstances.

Et cependant, pour nous faire bien comprendre et pour faire mieux ressortir la faiblesse de notre nature humaine, les saints hommes de Dieu succombent sur les points sur lesquels ils pouvaient être supposés le plus forts; la foi d'Abraham chancelle, Moïse s'irrite, et la patience de Job se lasse.

C'est ce côté humain des Ecritures de Dieu, cette histoire d'hommes semblables à nous, ce caractère éminemment pratique que nous trouvons à chaque page, qui nous rend la Bible si précieuse.

C'est parce que nous reconnaissons partout, à côté de l'élément divin, un élément humain, que nous ouvrons si volontiers nos coeurs à ses enseignements. Elle exerce sur nous une influence mystérieuse qui nous suit partout, comme le regard d'un beau portrait accompagne celui qui le fixe, de quelque côté qu'il se tourne.

Un livre systématique de doctrine aurait eu l'inconvénient de n'être pas à la portée de toutes les intelligences, des plus simples comme des plus développées; un traité systématique de morale aurait eu celui de n'être pas applicable et praticable partout. Formulée en sentences , la vérité comprise par la vieille Europe ne l'aurait pas été des habitants encore sauvages de diverses contrées du Nouveau-Monde. Fixe et déterminée par des maximes de détail, la morale n'eût plus été cette morale vivante de l'Evangile, cette vie religieuse à laquelle l'homme est appelé; parfois même elle eût été d'une application impossible, comme le sont au Groënland et au Labrador toutes les règles que le Coran rattache au lever et au coucher du soleil. Si même ce travail de réglementation morale ou dogmatique avait pu se faire, il eût été désastreux pour le développement moral et religieux de l'homme. On se serait borné à charger sa mémoire des paroles sacramentelles de la foi, et l'on eût négligé le reste des Ecritures.

Le travail de l'intelligence, les investigations consciencieuses, l'examen intérieur , l'oeuvre incessante et laborieuse de la sanctification eussent perdu toute raison d'être. Le Credo n'étant plus le point de départ de la foi, mais la foi elle-même, serait devenu l'objet d'une indolente et stérile vénération. Ce n'est que lorsque l'attention est éveillée , et que toutes les énergies de l'âme sont mises en jeu, ce n'est que par des connaissances acquises et comprises au prix de nombreux efforts, ce n'est qu'au prix de luttes variées et douloureuses que la vraie foi peut se manifester par une vraie sainteté. L'Ecriture, dit More, n'est pas un jardin où les fruits et les fleurs se cueillent sans peine , mais un champ dont le sol est bon, et qui produira tout ce que l'on voudra , pourvu qu'on le travaille et qu'on lui donne tous les soins qu'il exige.

Il nous est bon aussi que la vérité se trouve répandue, et pour ainsi dire éparse, dans les différents livres de la Bible; cela nous apprend d'abord à n'en négliger aucun, ensuite à ne pas séparer la doctrine de la morale, ni la foi des oeuvres.

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§ 77. Trois conséquences. -

En ne nous présentant pas la vérité sous une forme systématique , en nous obligeant au contraire à chercher, à sonder, à coordonner, en faisant appel au travail individuel, l'Ecriture-Sainte condamne de fait le système d'autorité dont Rome nous offre le modèle le plus exact, système qui peut plaire, parce qu'il flatte l'indolence naturelle de l'homme et son apathie dans la recherche de la vérité, mais qui empêche de parvenir à un résultat sérieux et appréciable.

Une théologie systématique fondée sur la Bible est peut-être le degré le plus parfait de connaissance, mais n'est pas réellement essentielle à la piété. On peut se sentir attiré par tout ce qui nous est dit dans l'Ecriture de la bonté de Dieu; on peut aimer le Rédempteur à cause de son amour , se confier en ses promesses, se nourrir de sa Parole, régler sa vie sur ses directions, et cependant n'avoir aucune doctrine bien systématique et ne rien comprendre aux termes techniques de la théologie. Cette vie de piété et d'amour, cette soumission à la Providence , cette imitation de Jésus-Christ, est la chose principale ; combinée avec la science , elle constitue un homme vraiment saint et vraiment sage ; mais la vraie sainteté et la vraie sagesse peuvent se rencontrer en dehors de toutes vues systématiques et scientifiques.

Les catéchismes ont en général pour but de présenter la vérité sous une forme scientifique , de définir la foi, d'en maintenir l'unité. C'est là leur avantage, c'est aussi là leur défaut. Ils ne s'adressent qu'à l'intelligence, sous une forme logique, sèche, presque sans applications, sans exemples, sans modèles, et par conséquent sans vie et sans puissance. Ils ont leur place marquée dans l'enseignement de la jeunesse, mais ils sont bien loin de suffire seuls. Le divin moyen d'amener l'homme à la foi , de le justifier, de le sanctifier, c'est le livre de Dieu , riche en exemples de tous genres, humain et divin tout ensemble , toujours le même et toujours neuf, la Bible.

Voyez les Erreurs du romanisme et les Essais sur quelques points particuliers de la religion chrétienne , par l'archevêque Whately.


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