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LA HAUTE CRITIQUE EST-ELLE SCIENTIFIQUE ?

par Robert Dick Wilson, Ph.D., D.D.
Professeur de Philologie Sémitique au séminaire de Théologie de Princeton
Imprimé à Philadelphia
par le Sunday School Times Company en 1922

Faits nettement prouvés, montrant que "les résultats certains de la science moderne" avec leurs effets destructeurs, sont indéfendables.

. Avant-Propos sur l'Auteur
. La haute critique est-elle scientifique?
. Réfutation appuyée sur des preuves d'ordre offensif et défensif.
. L'Ancien Testament provient de sources écrites, fondées sur des documents contemporains.
. Tout le long de l'histoire, correspondance entre la chronologie de la Bible et celle de l'histoire profane.
. Un solide fondement de confiance,
. Exactitude dans la succession et le caractère des rois.
. Un phénomène biblique sans égal dans l'histoire de la littérature.
. L'exactitude des auteurs hébreux, une base pour la foi.
. L'introduction de mots étrangers fixe des dates.
. Introduction ininterrompue de nouveaux mots dans les écritures en langue Hébraïque.
. Même infiltration des mots nouveaux, aujourd'hui, dans notre langue.
. Les critiques sous-estiment la somme des preuves.
. Pourquoi les mots Persans manquent-ils dans les livres de la Bible, auxquels les critiques assignent des dates postérieures?
. Comment des mots Grecs peuvent être glissés dans le livre de Daniel.
. Pourquoi Daniel peut-il avoir employé des mots Persans.
. Des Hébraïsmes en langue Araméenne et non des Aramaïsmes en langue Hébraïque.
. Une théorie qui rendrait récents tous les documents bibliques.
. Formes littéraires Hébraïques se trouvant dans les littératures Babylonienne et Egyptienne.
. Même exactitude dans le domaine de la législation.
. Un argument tiré du silence, qui ne prouve rien.
. Tout le temps nécessaire à la révision des lois.
. Les "Rédacteurs" de la loi furent-ils de négligents éditeurs?
. Ceux qui élèvent des objections voudraient-ils répondre à quelques questions?
. Pourquoi l'accent est-il mis sur l'aspersion du sang?
. Le très soigneux camouflage d'Esdras!
. "Au texte, et au témoignage!"
. Pourquoi les critiques rejettent-ils les livres des Chroniques?
. Une théorie contradictoire faite pour soutenir la thèse.
. Les auteurs des Psaumes n'auraient pas attribué leur oeuvre de façon absurde à des écrivains d'avant la captivité.
. Le "Jaddua" des "Chroniques" et celui de Josèphe, ne sont pas nécessairement le même.
. Réfutation absolue de l'argument d'Edwald, concernant le titre de "Roi de Perse".
. L'ignorance inexcusable de certaines preuves, de la part de critiques notables, est exposée.
. Les variations de nombres seront mieux comprises, quand on aura découvert les signes numériques employés par les enfants d'Israël.
. Il n'est pas nécessaire que l'auteur des Chroniques ait copié le livre des Rois.
. Prophéties qui ne contiennent pas de mots Persans ou Grecs.
. Rien, dans 1800 ans d'histoire, de nature à infirmer l'Ancien Testament.
. Le plan, le but et le peuple de l'histoire de la rédemption offrent une base raisonnable pour la foi.
. Monstruosité imaginée comme parallèle à la négation de l'histoire de l'Ancien Testament.
. Ramper en quête d'insectes, ou cueillir des violettes?

AVANT-PROPOS SUR L'AUTEUR

Robert Dick WILSON, Professeur de Philologie Sémitique au Séminaire de Théologie de Princeton
"Comme un homme s'intéresse à ses roses et ne pense pas aux épines, ainsi fait celui qui étudie des langues". C'est la réponse que le Dr. Wilson me fit, alors que je m'informais de ses travaux, et lui disais en même temps mon étonnement, mon admiration pour l'étendue de ses recherches linguistiques comprenant quelque quarante-cinq langues et dialectes. Cette réponse m'a aidé à comprendre.
Et pendant que nous étions tous deux assis auprès du feu, en son cabinet de Princeton, avec tout autour de nous les marques de ses labeurs: sur les étagères, sur les tables, sur le bureau et même sur le plancher, je compris, mieux que je ne l'avais fait jusque-là, ce que j'avais entendu de sa science, et de la perfection de ses méthodes pour la défense des Ecritures.
Tout petit encore, il n'avait que quatre ans, il savait déjà lire. Son père était l'un des principaux marchands de la petite ville d'Indiana, en Pennsylvanie. A cinq ans, l'enfant commença d'aller à l'école; et à huit ans, il avait déjà lu, parmi d'autres livres, "Les Anciennes Monarchies" de Rawlinson.
Le père avait une solide instruction, et il était homme de bon sens. Président de la Chambre de Commerce du Comté, il présidait aussi le Comité local de l'Instruction, avec dix enfants dans sa propre maison.
Lorsque Robert eut neuf ans, son frère et lui furent emmenés par le père à Philadelphie. L'une des choses intéressantes et mémorables de ce voyage, fut la visite à une librairie de Chesnut Street, où le père laissa ses fils un petit moment pour qu'ils y choisissent les livres qu'ils aimeraient. Quand M. Wilson revint, ses enfants avaient choisi près de cinquante volumes et, parmi ceux-ci, les ouvrages de Prescott, de Robertson, de J. S. C. d'Abbott et autres travaux de marque; ce qui révèle les "lectures faciles" auxquelles les enfants se plaisaient.
C'est à l'école communale d'Indiana, que Robert se prépara pour le Collège; il était prêt pour la deuxième classe de Princeton (the sophomore class) quand il eut quatorze ans. Cependant, il n'entra dans sa classe, celle de 1876, qu'à l'âge avancé de dix sept ans, car, comme il le disait tout simplement, et presque en manière d'excuse: "J'ai eu pas mal de maux de tête entre quatorze et vingt ans, et puis la fièvre typhoïde. Après cela, les maux de tête disparurent. Auparavant, c'est à peine si je pouvais faire la moitié de mon travail."
Au collège, le jeune Wilson se spécialisa dans les langues, la psychologie et les mathématiques. Pour les cours bibliques suivis à l'époque, il dit qu'il n'obtint que 90% des points, "ce qui fit baisser ma moyenne."
Pour lui, les langues étaient la porte conduisant à des champs d'activité vers lesquels il se sentait fortement attiré. En français, en allemand et en grec, il s'était préparé lui-même pour le collège. Il avait appris l'hébreu tout seul et remporta un prix de cent dollars pour cette langue, dès son entrée au séminaire.
"Mais comment avez-vous fait?" lui demandai-je. Les yeux du professeur brillèrent, et il sourit de ma surprise.
"Eh bien, voilà me dit-il, j'ai utilisé les moments libres. Quand j'allais me promener, j'emportais une grammaire avec moi: lorsque je m'asseyais pour me reposer, je prenais mon livre, j'étudiais un peu et j'apprenais ce que je pouvais. J'avais résolu de lire les grands classiques dans l'original; j'étais donc bien obligé d'étudier les langues.
"Je lisais une grammaire d'un bout à l'autre, cherchais les exemples, prenais des notes au fur et à mesure; je ne voulais rien laisser, sans d'abord l'avoir compris. Je n'ai jamais appris de longues listes de mots; mais je lisais une page à la fois, reprenais les mots que j'ignorais, puis les examinais. Je lisais quoi que ce soit qui, pensais-je, m'aurait intéressé si ç'avait été en anglais. Bientôt mes études me captivèrent à ce point que j'en oubliai le travail, comme l'homme qui aime ses roses, ne pense pas aux épines. C'est ainsi que j'appris le grec, le latin, le français, l'allemand, l'hébreu, l'italien, l'espagnol, le portugais, l'araméen de la Bible, le syriaque, l'arabe, et ainsi de suite."
Or, durant toutes ces années d'intense labeur, Robert Dick Wilson n'était pas au clair sur ce qu'il ferait plus tard, sur sa véritable vocation. Avant son entrée au séminaire, l'un de ses frères et lui avaient consacré beaucoup de temps à l'évangélisation. A Indiana même, où ils avaient travaillé durant un an et demi, ils avaient été les instruments de nombreuses conversions, et la bénédiction de Dieu avait reposé de façon manifeste sur leur activité. Cette oeuvre exerçait une attraction certaine sur le jeune Wilson, toujours plein de zèle et d'ardeur pour la propagation de l'Evangile, autrefois comme aujourd'hui.
Mais ses études théologiques lui firent sentir l'impérieuse nécessité d'un genre de science biblique moins subjectif que l'enseignement qu'il avait reçu. Il fallait d'après lui une science objective, complètement fondée sur des faits que, seules de complètes recherches, s'étendant à toutes les langues anciennes en rapport avec la Bible, pouvaient établir. Il étudia soigneusement le problème qui se dressait devant lui: continuerait-il à s'adonner à l'oeuvre si nécessaire de la prédication, vers laquelle il se sentait si nettement attiré et où il avait connu tant de bénédictions? Ou bien, Dieu l'appelait, à des années de labeur, dans une solitude et une obscurité relatives, afin que sa vie pût être consacrée à la défense des Ecritures, une défense fondée sur des faits linguistiques et historiques que, seul, un travail ardu et patient pourrait révéler? Dirigé par Dieu, il choisit la vie de l'homme d'étude, du savant; et des milliers ont remercié Dieu et des milliers le remercieront encore, de ce que Son serviteur répondit: "Me Voici! Envoie, moi."
Ce que Robert Dick Wilson croyait alors de tout son cœur, et ce qu'il croit non moins fermement aujourd'hui, c'est que les controverses qui portent sur les textes et l'histoire de la Bible doivent être retirées du domaine tout subjectif de l'opinion personnelle et transposées dans le domaine objectif des faits clairement attestés. C'est à cette oeuvre qu'il s'attache; et dès lors, aucun travail ne lui semble trop long, ou trop fastidieux, ou trop épuisant, qui pouvait l'aider à atteindre ce but. Et comme, à cette époque, il ne pouvait apprendre le babylonien en Amérique, il partit pour Heidelberg, bien décidé à y apprendre toutes les langues, qui pourraient l'aider à mieux comprendre les Ecritures, et lui permettre de faire ses recherches dans les documents originaux.
C'est ainsi qu'au babylonien, il ajouta le phénicien, l'éthiopien et tous les dialectes araméens, l'égyptien, le copte, le persan et l'arménien. A Berlin, il étudia avec Schrader, le professeur de Delitzsch, appelé le père de l'assyriologie. Il apprit les langues arabe et syriaque avec Sachau, et l'arabe avec Jahn et Dieterichi, l'hébreu avec Dillmann et Strack, l'égyptien avec Brugsch. C'est ainsi qu'il se familiarisa avec quelques vingt-six langues, durant les années consacrées aux acquisitions linguistiques.
Car le professeur Wilson avait un plan qu'il exécuta soigneusement, durant les années d'études en Allemagne; plan d'après lequel quinze années devaient être consacrées aux langues et quinze autres à l'étude des textes bibliques à la lumière des découvertes philologiques qu'il ferait. Enfin, Dieu voulant, quinze années devaient être employées à rédiger les résultats de ses patients travaux, pour que d'autres pussent également y avoir part. C'est ainsi qu'aujourd'hui, nous avons le privilège de lire dans ce petit livre, en des termes que tous peuvent comprendre, quelques-uns des faits qu'il a découverts au cours de ce long pèlerinage à travers les jours d'autrefois; faits glorieux, bien propres à affermir la foi et à communiquer l'assurance.
La longueur de ses recherches, l'étendue de ses travaux nous confondent, et frappent d'étonnement l'étudiant superficiel comme le savant, lorsque ceux-ci apprennent, par exemple, que pour répondre à une seule phrase d'un critique, démolisseur notoire, le professeur Wilson s'imposa la lecture en de nombreuses langues, de toute la littérature existante de la période discutée; et qu'il ne compara, pas moins de cent mille citations de la susdite littérature, pour arriver jusqu'aux faits fondamentaux. Ceux-ci, une fois découverts, révélèrent que le critique avait tort. Ce fut évidemment un cas de science supérieure, selon le tempérament scientifique, conforme à la bonne définition: "cette association si rare de profond discernement, d'attention soutenue, d'exactitude microscopique, de ténacité de fer, de poursuite désintéressée de la vérité, qui caractérise le grand inventeur scientifique et le grand historien."
Jusqu'ici, le travail si fécond du professeur Wilson a été communiqué presqu'entièrement à ses étudiants (quelque deux mille ont suivi ses cours durant les années écoulées), et il a été donné partiellement dans quelques journaux savants, au tirage limité. Enfin, le professeur Wilson a publié quelques ouvrages dont l'un des plus remarquables est intitulé: "Etudes sur le livre de Daniel."
"Professeur, demandai-je, quel but poursuivez-vous avec vos étudiants? Instantanément, il me répondit avec une ardeur contenue: "J'essaie de leur communiquer une foi intelligente dans l'Ancien Testament, foi telle, qu'ils n'en doutent jamais aussi longtemps qu'ils vivront. J'essaie de leur donner la preuve. J'essaie de leur montrer que la croyance à l'historicité de l'Ancien Testament repose sur un fondement raisonnable. (Le professeur Wilson ne s'est pas spécialisé dans l'étude du Nouveau Testament).
"Certains jours, ajouta-t-il, il m'est arrivé de trembler à la pensée d'avoir à entreprendre de nouvelles recherches; mais je n'ai plus aucune crainte. Je suis arrivé maintenant à la conviction qu'il n'y a point d'homme dont la connaissance soit suffisante pour attaquer la véracité de l'Ancien Testament. Toutes les fois qu'il existe des preuves documentaires suffisantes permettant de faire des recherches, les déclarations de la Bible, dans les textes originaux ont soutenu l'épreuve avec succès."
C'est là une déclaration bien significative, dans la bouche d'un homme qui ne s'arrête pas à ouï-dire en matière de critique; et qui, durant tant d'années, s'est consacré à un travail réclamant une telle somme de dévouement et de renoncement, pour étudier les sources et le texte de l'Ancien Testament. "Quand quelqu'un me dit: Je ne crois pas à l'Ancien Testament, il me laisse indifférent, s'écria le professeur Wilson. Quand il indique plus particulièrement quelque point qu'il ne croit pas, il me laisse indifférent. Mais s'il vient à moi et me dit: J'ai trouvé une preuve qui démontre l'inexactitude de l'Ancien Testament sur tel ou tel point, c'est alors que mon travail commence. Je suis prêt." Et le professeur se mit à rire de son bon rire si cordial, jouissant visiblement à l'avance à la seule perspective d'une telle rencontre.
Je pense que l'une des raisons sur lesquelles je me suis senti si remué après plusieurs entretiens avec cet intrépide savant, c'est à cause de l'habitude qu'il a d'avancer les preuves à mesure qu'il affirme. En ce faisant, il ne croit pas déchoir, il ne considère pas comme attentatoire à sa dignité qu'on lui pose des questions au sujet de ses découvertes, et il ne croit pas que personne n'en a le droit. Mais, si un savant lui envoie un défi, le professeur Wilson est alors un lion debout, ou plutôt un avocat de la défense, qu'on a réveillé et qui se dresse. Il accumule les faits de façon écrasante et il les prouve, il les fait entrer de force, il expose de manière si convaincante la faiblesse des arguments adverses que le champion de l'offensive contre l'Ancien Testament voudrait, pour sa bonne réputation, ne s'être jamais aventuré sur un terrain où son ignorance éclate aux yeux de tous. Car l'étude des critiques si acérées du professeur Wilson, concernant les travaux destructeurs de la Haute Critique, montre que ce que ses tenants nomment: "les résultats assurés de la science moderne", ne sont qu'empreintes sur les sables mouvants d'une ignorance complète et absolument inexcusable. "La critique, dit le docteur Wilson, n'est pas une affaire d'imagination, mais de connaissance."
Mais laissons, le exposer lui-même ses découvertes. Il ne s'intéresse qu'à la preuve; et cela vous réjouira d'apprendre ne fût-ce qu'un peu de ce qu'il a trouvé, en suivant le développement de quelques-unes de ses expériences, au cours des études qui suivent.
PHILIP E. HOWARD

LA HAUTE CRITIQUE EST-ELLE SCIENTIFIQUE?

L'histoire de la préparation du monde en vue de l'Evangile, telle qu'elle nous est exposée dans l'Ancien Testament, est simple et claire, et, à la lumière que verse le Nouveau Testament, éminemment raisonnable. De fait, on l'a considérée comme si raisonnable, et répondant d'une manière si harmonieuse à ce qu'on pouvait attendre, que le Christ et les Apôtres ne semblent pas avoir jamais mis en doute sa véracité, et que l'Eglise chrétienne, qu'ils fondèrent, l'a acceptée, jusqu'à notre époque, comme parfaitement d'accord avec les faits.
Cependant, au cours des deux derniers siècles, et comme résultat en grande partie du mouvement déiste en Angleterre et de l'application de la méthode dite critique, à l'histoire sacrée, le doute s'est répandu de façon assez générale sur la véracité des récits de l'Ancien Testament. De nombreux chrétiens ont refusé d'y prêter la moindre attention; et heureux sont-ils, ceux qui n'ont point de doutes.

Réfutation appuyée sur des preuves d'ordre offensif et défensif.

Mais ils sont nombreux ceux dont la foi dans la véracité des Ecritures a été ébranlée; et la meilleure manière, dans quelques cas la seule manière, d'édifier à nouveau leur foi, c'est de leur montrer que les accusations portées contre la Bible sont fausses et sans fondement.
On peut essayer de faire cette démonstration de deux façons. Nous pouvons nous occuper uniquement de la défensive et travailler à montrer que les attaques générales et particulières contre l'exactitude des récits de l'Ancien Testament ne reposent sur aucun fait. Ou bien, prenant l'offensive, nous pouvons montrer que les récits de l'Ancien Testament sont en parfaite harmonie avec tout ce qui est vraiment connu de l'histoire du monde, à l'époque où se passaient les faits bibliques rapportés; et que ces récits eux-mêmes contiennent la preuve ineffaçable que l'époque et l'endroit de leur origine concordent avec les faits. Mais peut-être que la meilleure méthode sera d'employer à la fois l'offensive et la défensive, en démontrant que non seulement les attaques sont futiles, mais encore que les événements racontés, les personnes et les choses dont il est question, sont en plein accord avec l'histoire de l'époque (true to history), c'est-à-dire, que de façon générale, ils sont en harmonie avec ce que nous apprenons par les documents historiques contemporains des autres nations.
Ceci est vrai des tout premiers récits de l'Ancien Testament. Même si nous considérons les deux grands événements qui précèdent l'époque d'Abraham: la Création et le Déluge, nous trouvons que ces événements sont les mêmes que ceux qui sont racontés tout au long par les Babyloniens, du milieu desquels sortit Abraham. De quelque façon que nous expliquons les différences entre les récits babyloniens et hébreux de la Création et du Déluge, il est certain qu'il y a entre eux une ressemblance suffisante pour indiquer une origine commune, laquelle est antérieure à l'époque du départ d'Abraham d'Ur en Chaldée. (1)
{(1) Voir King: "The seven Tablets of Creation"; et Jensen: "Assyrisch-Babylonische Mythen und Epen".}

L'Ancien Testament provient de sources écrites, fondées sur des documents contemporains.

Dès lors et par la suite, il n'existe aucune bonne raison pour douter que les récits bibliques proviennent de sources écrites, fondées sur des documents contemporains. Car, premièrement, Abraham venait de cette partie de la Babylonie où l'on se servait de l'écriture depuis des centaines d'années déjà; et il vivait à l'époque d'Hammourabi. Or, nous avons de ce règne nombre de lettres, de contrats, et autres actes, dont le plus important de beaucoup est le fameux code de lois qui porte le nom du monarque (2). De plus, l'écriture était déjà connue en Egypte depuis deux mille ans ou plus; de sorte que nous pouvons bien croire que la famille d'Abraham voyageant de Babylonie en Egypte, puis s'établissant en Palestine, entre deux grands peuples lettrés, avait aussi pris l'habitude de conclure ses contrats et de conserver son histoire par écrit. (3).
{(2) Voir King:"The letters and inscriptions of Hammurabi"; and Harper: "The Code of Hammurabi".}
{(3) Voyez spécialement Schoor: "Urkanden des altbabylonischen ProzessRechts."}
Abraham employa sans doute le système d'écriture cunéiforme, puisqu'il est avéré que celui-ci existait en Asie Occidentale bien avant l'époque d'Hammourabi; et les lettres d'Amarna montrent clairement qu'on s'en servait parfois (4) pour écrire l'hébreu.
{(4) Voyez Wincker: "Tel el Amarna Letters"; et Knudtzen: "Die El Amarna Tafeln".}
Non seulement, nous savons qu'il existait des caractères servant à écrire, mais encore que la langue hébraïque était parlée en Palestine avant l'époque de Moïse. Ceci est évident, non seulement parce que nous trouvons plus de cent mots ordinaires insérés dans les lettres d'Amarna, mais parce qu'une large proportion des noms de lieux qui y sont mentionnés sont hébreux (5). Dans les listes géographiques du roi d'Egypte, Thoutmès III, et celles d'autres rois de ce pays, nous trouvons plus de trente mots de bon hébreu: noms de villes de Palestine et de Syrie dont ils s'emparèrent (6). De ces faits, nous concluons que des livres peuvent avoir été écrits en hébreu à cette époque reculée. De plus, nous voyons par là que les fils d'Abraham: Isaac et Jacob, peuvent avoir reçu des noms hébreux, comme l'affirment les récits bibliques (7).
{(5) Knudtzen loc. cit., p. 1545, f.}
{(6) Voyez Max Müller: "Die Palastinaliste Thutmoses III." }
{(7) Voyez l article: "Was Abraham a Myth?" in "Bible Student and Teacher" for 1905. }

Tout le long de l'histoire, correspondance entre la chronologie de la Bible et celle de l'histoire profane.

Ayant constaté que l'écriture et la langue hébraïques existaient bien avant l'époque de Moïse, nous nous tournons vers les documents bibliques qui donnent une histoire plus ou moins suivie de la période s'étendant d'Abraham (environ 2000 av. J.-C.) à Darius II (environ 400 av. J.-C.) pour voir autant que possible, si le thème général des récits hébreux correspond, au double point de vue chronologique et géographique, avec ce que nous savons par les autres documents de la même période. Or nous trouvons d'abord, que les nations indiquées par les Ecritures comme ayant fleuri à telle ou telle époque, sont exactement celles que mentionne l'histoire profane. Ainsi l'une et l'autre source, biblique et profane, nous enseignent que, durant la période qui va d'Abraham à David, l'Egypte était déjà une grande puissance, une puissance dominante 2000 ans av. J.-C., et que, jusqu'au temps de Salomon, elle fut considérée comme le plus grand ennemi du peuple d'Israël. Durant cette même période, Elam et Babylone occupaient la première place en Extrême Orient; et les Héthiens, les Armoréens, les Cananéens, les Sidoniens, les Moabites, les Edomites, et Damas dans la section intermédiaire, étaient le terrain de contestation entre l'Egypte et Babylone.
Succédant à cette première période, et de l'an 1000 à 625 av. J.-C., nous voyons l'Assyrie devenir la puissance principale parmi les nations qui environnent la Palestine; Babylone n'a plus qu'une importance secondaire. L'Egypte a perdu le premier rang; elle est parfois asservie à Cush, et parfois à l'Assyrie. La Médie apparaît sur la scène, mais comme sujette de l'Assyrie. Entre l'Euphrate et l'Egypte, les Héthiens dominent d'abord; puis c'est Hamath, puis Damas, Tyr, Ammon, Moab, Edom. De plus, nous notons que la séparation de la Samarie de la Judée est clairement reconnue sur les monuments.
Pendant la dernière période, qui s'étend de 625 à 400 ans av. J.-C. Babylone est devenue la puissance prédominante, jusqu'à ce que son hégémonie soit brisée par la Perse, sous Cyrus. Avec les conquêtes de Nébuchadnetsar et de Cambyse, l'Egypte disparaît de l'histoire, en tant que puissance mondiale. Les Héthiens, Damas, Hamath, Israël, Juda, toutes les tribus, toutes les villes situées entre Babylone et l'Egypte, ont cessé d'exister à titre de puissances indépendantes.

Un solide fondement de confiance

Or, à ce cadre de l'histoire mondiale, l'histoire d'Israël s'adapte exactement. La Bible relate successivement les relations d'Israël avec Babylone, Elam, l'Egypte, les Héthiens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses; et les nations de moindre importance apparaissent aussi sur la scène, dans leurs exactes relations avec les grandes puissances successives. Voilà des faits qui ne peuvent être niés, et qui offrent une base solide pour la confiance dans les affirmations des documents bibliques.

Exactitude dans la succession et le caractère des rois.

Et lorsque nous constatons que les rois des différentes nations, dont il est fait mention dans l'Ancien Testament, sont tous nommés dans l'ordre et le synchronisme observés par les documents nationaux consacrés à ces rois, cette confiance s'en trouve encore fortifiée. Ainsi, probablement, Kédorlaomer, et certainement Hammourabi (celui que Genèse 14 nomme Amraphel) et Arjoc, vécurent environ 2000 ans av. J.-C.; Schischak, Zérach, So, Tirhaka, Néco et Hophra, rois de Cush et d'Egypte; Tiglath-Piléser, Salmanasar, Sargon, Sanchérib et Esar Haddon, rois d'Assyrie, Mérodac,Baladan, Nébuchadnetsar, Evil Mérodac et Belschatsar, rois de Babylone; Cyrus, Darius, Xerxès et Artaxerxès, rois de Perse, tous apparaissent dans les Ecritures dans l'ordre exact, selon qu'il est indiqué par les annales de ces peuples eux-mêmes, ou par d'autres preuves contemporaines. Et cela est également vrai pour les rois de Damas, de Tyr et de Moab.
Nous constatons d'autre part, que les documents assyriens qui mentionnent les rois d'Israël et de Juda nomment ceux-ci dans l'ordre même où ils apparaissent dans "les Chroniques" de ces rois. Non seulement cela, nous voyons encore que ce que dit la Bible concernant les rois de tous ces pays voisins, correspond aussi étroitement avec leur histoire, que le font généralement des documents divers, en ce qui concerne leur puissance relative, leur importance, leurs caractéristiques et leurs actions. Nous notons tout particulièrement dans ce domaine, l'étroite ressemblance qu'il y a entre les récits de Schischak, de Tiglath-Piléser, de Sancherib, de Nébuchadnetsar et de Cyrus; mais toute la trame, toute la charpente de l'édifice historique de l'Ancien Testament, s'harmonise de façon merveilleuse par ses contours en général, et souvent par ses détails, avec le fond de l'histoire générale du monde, telle que nous la révèlent les documents des nations environnant Israël.

Un phénomène biblique sans égal dans l'histoire de la littérature.

De plus, l'exactitude avec laquelle sont orthographiés les noms des rois, nous fournit une extraordinaire confirmation de la très soigneuse transmission des sources originales, par les documents hébreux. Les vingt-quatre noms des rois d'Egypte, d'Assyrie, de Babylone et autres, contiennent cent vingt lettres consonnes qui toutes, occupent un ordre identique dans les inscriptions de ces rois eux-mêmes, ou dans celles de leurs contemporains. Que les écrivains hébreux nous aient transcrit ces noms avec une exactitude si parfaite, et selon les règles de la philologie, voilà qui nous donne une merveilleuse preuve des soins qu'ils ont apportés à leurs travaux, et de leur science. Nous y avons aussi la preuve qu'ils ont puisé aux sources originales. Et c'est là, dans l'histoire de la littérature, un phénomène sans égal, que, à travers tant de siècles, et tant de copies, ces noms nous aient été transmis dans un aussi parfait état de conservation. Le scribe d'Assurbanipal en transcrivant le nom de Psammetichus, le roi d'Egypte de l'époque, commet l'erreur d'écrire un T au commencement du mot au lieu d'un P et un l au milieu du mot au lieu d'un t. (8). Abulfeda, l'auteur de l'histoire arabe antéislamique donne les noms des rois de Perse de la dynastie achaemenide comme étant: "Keï-Kobad, Keï-Kawus, Keï-Chosren, Keï-Lohrasp, Keï-Bushtasf, Keï-Ardeshir-Bahman et Chomani sa fille, et Dara le premier et Dara le second qui fut tué par Alaskander"; et il écrit le nom de Nébuchadnetsar: Bactnosar. Dans la liste des noms des compagnons d'Alexandre, que donne le pseudo-Callisthène, presque chaque nom est changé au point d'en être méconnaissable (9). Et ceci est également vrai de la plupart des noms des rois d'Egypte, tels qu'ils sont conservés dans les listes de Manéthon, d'Hérodote et de Diodore de Sicile. Même remarque pour les noms des rois d'Assyrie et de Babylone, conservés par Africanus, Castor et le canon de Ptolémée (10).
{(8) Voyez: "Annals of Assurbanipal" Col. II, 114 et "Assurbanipal" p. 715, par Streck.}
{(9) Voyez: Président Woolsey dans le "Journal of the American Oriental Society". Vol. III, pages 359-440. }
{(10) Voyez Cory: "Ancient Fragments"; et Müller: "Fragments Historicorum Graecorum". Aussi l'article sur "Darius le Mède" par R. D. Wilson, in Princeton Theological Review", April 1922.}

L'exactitude des auteurs hébreux, une base pour la foi.

L'inexactitude presque générale des historiens grecs et arabes, l'impossibilité de s'appuyer sur leurs textes concernant les rois d'Egypte, d'Assyrie et de Babylonie, offrent, lorsqu'on les rapproche de la parfaite exactitude et de la fidélité des documents bibliques, un contraste frappant. Du point de vue purement humain, l'exactitude biblique ne peut guère s'expliquer que d'une manière: 1° les auteurs des récits hébreux furent les contemporains des rois dont ils parlèrent; sinon ils purent consulter, pour leurs travaux les documents originaux; 2° ils furent assez savants, pour être capables de transcrire, lettre par lettre, avec exactitude ces noms; 3° les copistes des documents originaux hébreux transcrivirent soigneusement et consciencieusement le texte qu'ils avaient sous les yeux. Puisqu'ils ont apporté tant de soin à transmettre avec exactitude les noms des rois païens, il est à présumer qu'ils n'ont pas apporté moins de soins à enregistrer les paroles et les actes de ces rois. Nous avons donc, dans l'ordre dans lequel les rois sont cités, dans les époques mentionnées et l'orthographe des noms des rois, une base indestructible pour fonder notre foi en la véracité de l'histoire que donnent les livres de l'Ancien Testament. Le doute sur quelques points secondaires ne saurait détruire ce puissant fondement de faits, sur lequel s'élève l'édifice solide de l'histoire d'Israël.
Nous étant assurés de la solidité de la charpente de notre histoire, examinons maintenant les portes linguistiques, si l'on ose dire, qui nous conduiront dans l'édifice. Ces portes étaient les passages par lesquels Israël communiquait avec le monde extérieur. Sur leurs seuils, nous discernerons les empreintes des pas des nations, qui introduisirent leurs idées et leurs produits dans les familles demeurant à l'intérieur.

L'introduction de mots étrangers fixe des dates.

Pour que toute la force de la preuve, que je me propose de produire, soit pleinement appréciée, je dirai ici qu'on peut généralement déterminer l'époque où fut écrit un document de quelque étendue, et même parfois, un document très court, par le caractère de son vocabulaire, et plus particulièrement par les mots étrangers qui s'y trouvent incorporés. Prenez par exemple les divers documents araméens: les inscriptions de la Syrie septentrionale ayant été écrites à l'époque assyrienne, portent les marques évidentes de mots assyriens, phéniciens, et même hébreux (11). Les papyrus égyptiens de l'époque persane ont quantité de mots d'origine égyptienne, babylonienne et persane, comme nous le voyons aussi dans les portions en langue araméenne des livres d'Esdras et de Daniel. (12). L'aramaïque nabatéen, probablement écrit par des Arabes, est fortement marqué par les mots arabes, surtout pour les noms propres (13). A partir de la domination gréco-romaine, des centaines de termes d'origine grecque ou latine (14) apparaissent dans le palmyréen, le syriaque et l'araméen rabbinique. Dans Bar Hebraeus et d'autres écrits postérieurs à la conquête mahométane, nous voyons de nombreux termes arabes. Enfin, le syriaque moderne de Ourmiah, a de nombreux mots d'origine persane, kurde et turque (15).
{(11) Voyez Lidzbarski: "Nordsemitische Epigraphik"; et Cooke: "North Semitic Inscriptions".}
{(12) Voyez Sayce-Cowley: "Pappri"; Sachau: "Papyrus" & Lidzbarski: "Ephemeris pour 1911".}
{(13) Voyez Euting: "Sinaitische Inschriften" et le "Corpus-Inscriptionum Semiticarum," Vol. II.}
{(14) Voyez Lidzbarski & Cooke déjà cités: note 2; Brockelmann: "Lexicon Syriacum" & l'Aramäisch-neuhebräisches Wörterbuch de Dalman.
{(15) Voyez Brockelmann: "Lexicon Syriacum" et "Dictionary of Vernacular Syriac" de Mac Lean.}
Introduction ininterrompue de nouveaux mots dans les écritures en langue Hébraïque.
Or, si l'histoire de la Bible est vraie, nous devons nous attendre à trouver des mots babyloniens dans les premiers chapitres de la Genèse, des mots égyptiens dans les derniers, et ainsi de suite. Des mots nouveaux appartenant aux langues des puissances qui, tour à tour, exercèrent la domination sur Israël, se seront, tour à tour, introduits dans les documents hébreux. Et, en fait, c'est là exactement ce que nous ,trouvons. Les récits de la Création et du Déluge sont marqués d'idées et de mots babyloniens. L'histoire de Joseph a, bien nettement, la couleur égyptienne. A l'époque de Salomon de mots indiens, assyriens et probablement héthiens se mêlent au langage. Depuis cette époque, jusqu'à la fin de l'Ancien Testament, nous trouvons très souvent des expressions assyriennes et babyloniennes: ainsi dans les livres de Jérémie, de Nahum, d'Esaie, des Rois, et autres livres. Les mots persans apparaissent avec la conquête de Babylone par Cyrus: ils sont fréquemment employés dans les livres de Daniel, d'Esdras, de Néhémie, dans les Chroniques et le livre d'Esther; et pour ce qui est des noms propres, nous en avons au moins un, dans le livre d'Aggée et dans le livre de Zacharie, Il n'y a pas de mots grecs dans les documents hébreux de l'Ancien Testament, à l'exception de "Javan" et peut-être une ou deux autres expression. Que des mots araméens peuvent se trouver dans les documents hébreux à quelque moment que ce soit, durant l'époque qui va de Moïse à Esdras, cela nous est prouvé par le fait que deux mots ou phrases, ou plus, qui ne se trouvent ailleurs que dans l'araméen, se trouvent déjà dans les lettres de Tel-el-Amarna, et l'un d'eux, dans une lettre qu'Abd-Hiba de Jérusalem adressait au roi d'Egypte (16).
{(16) Voyez Winckler & Knudzon cités note 4.}
Le lecteur sait peut-être qu'un verset du livre de Jérémie et environ la moitié des livres d'Esdras et Daniel sont écrits en araméen; et c'est bien à cela qu'on doit s'attendre, à une époque, durant laquelle les papyrus égyptiens (17) et les suscriptions babyloniennes (18) montrent que la langue araméenne était devenue le langage courant de l'Asie occidentale, et en particulier celui des Juifs, au moins pour tout ce qui concernait les affaires et le commerce. Il y a donc lieu de s'attendre à ce qu'il se trouve dans les parties de Daniel et d'Esdras, écrites en langue hébraïque, un grand nombre de mots araméens, ainsi que dans les livres des Chroniques, de Néhémie et autres documents provenant de la fin du sixième siècle, jusqu'à la dernière composition de l'Ancien Testament (alors que l'araméen était la lingua franca de l'empire persan). Dans l'hébreu, postérieur à cette époque, nous avons de nombreuses illustrations de cet apport de mots étrangers se fixant dans la langue.
{(17) Voyez Sayce-Cowley: "Papyri" et Sachau: "Papyrus".}
{(18) Voyez l'article de A. T. Clay in "The W. R. Harper Memorial Volume".}
Ainsi le traité Yoma, écrit en l'an 200 à peu près, a une vingtaine de mots grecs, et Pesahim, quelque quatorze mots, alors qu'on en trouve des centaines dans le dictionnaire du "Nouvel hébreu", de Dalman. De nombreuses expressions d'origine latine, apparaissent aussi dans la littérature hébraïque de l'époque romaine.

Même infiltration des mots nouveaux, aujourd'hui, dans notre langue.

Ainsi, nous voyons que la langue hébraïque (comme aussi la langue araméenne) garde l'empreinte des nations qui influencèrent l'Histoire de l'an 2000 av. J.-C. à l'an 1500 de notre ère, et même jusqu'aux temps modernes. Que le lecteur veuille bien comparer ce qui précède avec ce qui s'est passé pour notre vocabulaire américain, si fortement marqué par les nations qui jouèrent un rôle dans notre histoire. Nous retrouvons la langue indigène, celle des Indiens, dans les mots: Massachusetts, Connecticut, Alleghany, Ohio, Mexico, Yucatan, et nombre d'autres expressions. Nous avons les marques de la domination espagnole avec les mots: Floride, San Anselmo, Los Angeles, Vera Cruz, Nouvelle Grenade, et quantité d'autres noms de montagnes, de rivières et de villes. La France apparaît avec: Montréal, Détroit, Vincennes, Duquesne, Louisianne, Saint-Louis, la Nouvelle Orléans; les Hollandais nous ont donné: Hackensack, Schenectady, Schuyler: les Allemands: Germantown et Snyder County (Pensylvania). Quelques peuples nous ont aussi fourni plusieurs mots d'usage courant, tels que: Moccassin, succotash, (1) pomme de terre, maïs, tomate, tomahawk, prairie, choucroute, broncho et corral.
{(1) Mets indien américain. consistant en mais vert et haricots bouillis ensemble. (Note de la traductrice).}
Toutes ces langues ont laissé leur empreinte; mais la langue et le pays qui dirigeaient et dominaient, étaient anglais; ce que montrent, non seulement la littérature et les lois, mais aussi les noms de New-Hampshire, Boston, New-York, Albany, New-Jersey, Pennsylvania, Pittsburg, et la majeure partie des noms de villes, de comtés et d'hommes d'Etat. Les Anglais ont reçu leurs lois des Romains et des Normands, la chose est évidente pour quiconque ouvre un code, ou bien se trouve dans une cour de justice. Il est certain qu'ils tiennent leur religion des Hébreux, laquelle parvint à eux par les églises grecque et latine, comme le prouvent les mots d'un usage journalier, tels que amen, alléluia, prêtre, baptême, cathédrale, évêque, chant, croix, résurrection, gloire, et d'autres encore, en nombre presque incalculable.

Les critiques sous-estiment la somme des preuves.

Les vicissitudes de la vie du peuple anglais durant les quinze cents ans écoulés, peuvent être ainsi suivies par les mots étrangers qui sont entrés dans sa littérature, durant cette même période. Il en va de même pour le peuple hébreux, durant les derniers quatre mille ans de son histoire et pour la première période des seize cents ans, autant que pour les années qui suivirent. Or, par l'étude de la littérature hébraïque, à la lumière des éléments étrangers qui s'y sont introduits, la pleine vérité de l'histoire biblique nous est confirmée de façon incidente, mais convaincante. A toutes les phases de la littérature, nous voyons que les mots étrangers relevés dans les documents, appartiennent à la langue des peuples que les Ecritures et les récits des nations voisines d'Israël s'unissent pour nommer comme ayant exercé leur influence, leur action sur les Israélites à cette époque. Les critiques de l'Ancien Testament n'ont jamais donné à la totalité de cette preuve la valeur qu'elle mérite.
Personne ne peut contester que la présence de mots babyloniens dans le premier chapitre de la Genèse indique une époque où l'influence de Babylone était prépondérante; mais cette même influence est également manifeste dans le second chapitre, et dans Daniel. Cette influence peut aisément s'expliquer dans les trois cas: en supposant que les matières des deux premiers chapitres de la Genèse furent emportées de Babylone par Abraham, et que le livre de Daniel fut écrit à Babylone au sixième siècle avant J.-C. Alors qu'on pourrait encore expliquer que Genèse 1, fut composé à Babylone durant ou après l'exil, comment expliquer l'influence babylonienne pour Genèse 2, si, comme les critiques l'affirment, ce chapitre fut écrit en l'an 800 ou 750 av. J.-C.? Et comment expliquer cette même influence pour le livre de Daniel, si, comme ils l'affirment encore, celui-ci fut écrit en Palestine, l'an 164 av. J.-C.?

Pourquoi les mots Persans manquent-ils dans les livres de la Bible, auxquels les critiques assignent des dates postérieures?

Ainsi, pour les mots persans, nous les trouvons dans les Chroniques, dans les livres d'Esdras, de Néhémie, d'Esther, de Daniel, qui appartiennent ostensiblement à la période persane de suprématie mondiale. L'analogie explique leur présence dans ces livres, par la domination persane de l'époque. Mais comment expliquer leur absence totale des livres de Jonas, Joël, Job, des Psaumes, du Cantique des Cantiques, de ce qu'on a surnommé le Code sacerdotal du Pentateuque, et d'autres documents que les critiques placent à l'époque persane? Et plus particulièrement, comment expliquer que le Code sacerdotal n'ait pas de mots persans et, probablement pas de mots araméens, s'il fut écrit de l'an 500 à l'an 300 av. J.-C., à l'époque même du livre d'Esdras, et comme quelques-uns l'affirment, par le même auteur? Et pourquoi les seuls mots manifestement babyloniens de cette partie du Pentateuque se trouveraient-ils uniquement dans les récits de la Création et du Déluge, lesquels peuvent si bien avoir été apportés par Abraham, du Pays d'Ur, en Chaldée? Et comment le mot "espèce" (min), un mot égyptien aurait-il été employé par la personne à laquelle on prête cette dernière partie du Pentateuque, écrite, nous dit-on, à Babylone, au cinquième siècle av. J.-C.?
A ces questions, et à des questions similaires qui doivent être posées, nous laissons aux critiques de l'Ancien Testament le soin d'essayer de répondre. Ils ne sauraient oser nier ces faits sans s'exposer à être accusés d'ignorance. Et ils ne sauraient oser les ignorer, sans s'exposer à être accusés de suppression volontaire de faits évidents.
Mais quelqu'un demandera: Et les mots grecs du livre de Daniel? Personne ne prétend qu'il y ait des mots grecs dans l'hébreu du livre de Daniel. Par contre les parties écrites en araméen contiennent trois mots, noms d'instruments de musique, qu'on assure être grecs; la chose n'est pas prouvée. Personnellement, je pense qu'il est très probable qu'ils soient d'origine grecque, bien qu'aucun d'eux n'ait été correctement transposé du grec en araméen. Si toutefois nous admettons qu'ils sont bien grecs (et que nous laissions de côté la question de savoir si la portion du livre où ils se trouvent a été écrite primitivement en hébreu ou en babylonien, puis traduite en araméen), il n'existe point de bonne raison pour empêcher de penser que des instruments de musique grecs furent employés à la cour de Nébuchadnetsar, et qu'ils y conservèrent leurs noms grecs, sous une forme quelque peu altérée.

Comment des mots Grecs peuvent être glissés dans le livre de Daniel.

On sait, de façon tout à fait certaine, que dès les temps les plus reculés, les rois et les peuples de Babylone et de Ninive prenaient grand plaisir à entendre de la musique. Or, d'après toutes les traditions et les coutumes des Grecs, nous savons que de tout temps et à toutes les époques de leur histoire, ils accordèrent une grande place à la musique, durant la guerre et dans leurs services religieux; de sorte qu'ils dépassèrent de beaucoup dans cet art, tous les anciens peuples de l'antiquité. Nous savons tous avec quelle rapidité les instruments de musique, et leurs noms indigènes, voyagent d'un pays à l'autre, Nous pourrions citer comme exemple le "ukelele", la guitare, l'orgue, la trompette. Les Grecs eux-mêmes importèrent plusieurs instruments étrangers qui conservèrent les noms de leur pays d'origine. Déjà 1000 ans au moins av. J.-C., il y avait un commerce actif entre les Grecs et les peuples sémites. Chypre et la Cilicie furent asservies par les rois d'Assyrie; et quelque 700 ans av. J.-C. Sanchérib, après avoir remporté la victoire sur la flotte grecque, emmena des prisonniers à Ninive. Assurbanipal reçut l'hommage de Gygès, roi de Lydie, voisin et seigneur de plusieurs villes grecques d'Asie-Mineure.
Longtemps avant le temps d'Assurbanipal et de Nébuchadnetsar, des Grecs s'étaient établis en Egypte. Ils servaient comme mercenaires dans les armées des rois égyptiens qui furent vaincus par les grands rois de Ninive et de Babylone; des mercenaires grecs combattirent aussi dans l'armée de Nébuchadnetsar lui-même. Des milliers, peut-être des dizaines de milliers de soldats grecs prisonniers, furent probablement transportés, selon la coutume de l'époque, dans les villes des vallées du Tigre et de l'Euphrate: vallées dont les habitants parlaient l'araméen. Il est très probable que les Grecs se mêlèrent aux indigènes; et sans doute ceux-ci demandèrent-ils aux étrangers de chanter quelque chant de leur patrie en s'accompagnant sur leurs instruments, comme aussi ceux de Babylone le demandèrent aux Juifs.
C'est ici l'une des manières dont les instruments de musique et leurs noms peuvent s'être introduits dans la langue araméenne, longtemps avant l'époque qui vit la rédaction des parties araméennes du livre de Daniel. Une autre explication possible, c'est que ces instruments de musique furent importés par les esclaves, hommes et jeunes filles qui furent certainement amenés, de tous les pays, pour alimenter les plaisirs de la cour somptueuse et corrompue des rois de Chaldée.

Pourquoi Daniel peut-il avoir employé des mots Persans.

Il est certain que Daniel s'est peut être servi de ce qu'on nomme "les mots persans", dans un document qui date de la fin du sixième siècle av. J.-C. Il suffit, pour s'en rendre compte, de se souvenir que les Israélites de Samarie furent emmenés en captivité parmi les Mèdes, deux cents ans avant la conquête de Babylone par Cyrus; et que les Juifs furent transportés sur les rives du Kébar et autres localités parlant l'araméen, presque deux générations avant la mort de Daniel. Les Mèdes parlaient un dialecte persan; et après avoir vaincu Ninive en 606 av. J.-C., ils gouvernèrent les très nombreuses tribus araméennes du Tigre supérieur. Les mots médo-persans du genre de ceux que nous rencontrons dans le livre de Daniel sont surtout des titres de fonctionnaires, comme "Gouverneur" par exemple, et des noms de personnes. Ce sont bien là les mots étrangers qui devaient être le plus rapidement adoptés par les peuples vaincus, y compris les Araméens et les Juifs. Les mots "satrape" et "Xerxès" dérivent directement du médo-persan et non du grec; ce qui le prouve c'est que l'orthographe de ces mots en hébreu et en araméen est l'exact équivalent de l'orthographe de la langue originale, ce qui n'aurait pas été le cas si ces mots étaient parvenus indirectement à l'auteur, par des historiens grecs.
Avant de laisser la question du langage, nous devons arrêter notre attention sur deux points, auxquels les critiques, qui essaient de fixer les dates des documents de l'Ancien Testament, ont donné une suprême importance. Le premier est la valeur de la rencontre des mots araméens dans un document pour prouver sa date; le second est la valeur, toujours pour prouver la date d'un document, des mots hébreux qui n'apparaissent qu'une fois, ou très souvent, dans l'Ancien Testament, et qui réapparaissent dans l'hébreu du Talmud.

Des Hébraïsmes en langue Araméenne et non des Aramaïsmes en langue Hébraïque.

Pour ce qui est de ce qu'on est convenu d'appeler des aramaïsmes, le nombre en a été grandement exagéré. Et on a découvert que bien des mots et des racines nommés autrefois "aramaïsmes", existaient depuis longtemps dans des récits babyloniens contemporains d'Abraham. Quant au nombre d'aramaïsmes qui subsistent, plusieurs d'entr'eux ne se trouvent dans l'Ancien Testament qu'une seule fois. Considérant qu'il y a plus de 1500 mots dans l'Ancien Testament qui ne sont employés qu'une fois, il est impossible d'en choisir quelques-uns et de les appeler aramaïsmes, uniquement parce qu'ils sont aussi employés en araméen. Des centaines de mots ont le même sens, en araméen et en hébreu, aussi en babylonien et en arabe, indépendamment du nombre de fois qu'ils se rencontrent ou des documents qui les contiennent. D'après les lois des langues sémitiques, lois qui régissent le changement de consonne, il n'y a guère que cinq ou six racines araméennes qu'on puisse indiquer, comme ayant été empruntées aux Araméens par les Hébreux. On trouve ces racines aussi bien dans ce que les critiques nomment "les anciens documents", que dans les derniers en date. De plus, une forte proportion des mots qu'on désigne comme aramaïsmes ne se trouvent dans aucun dialecte araméen, si ce n'est dans les dialectes araméens parlés par les Juifs. Dans de semblables cas la probabilité, c'est qu'on se trouve en face, non d'aramaïsmes passés dans la langue hébraïque, mais d'hébraïmes passés en langue araméenne. Car, dans tous les cas, les documents hébreux précèdent toujours de plusieurs centaines d'années les documents araméens; et il est évident que ce qui est antérieur ne peut dériver de ce qui est postérieur.
Les critiques découvrent encore des mots qu'ils nomment "aramaïsmes", non seulement dans les livres auxquels ils attribuent une date récente, mais aussi dans ceux qui, selon les dates fixées par eux, sont les plus anciens. Dans ce cas, et sans autre preuve que leur seule théorie de "ce qui devait être", ils accusent le texte original d'avoir été modifié, et les mots araméens d'avoir été introduits. Un tel procédé est contraire à toutes les lois de démonstration, de loyauté et de sens commun. Car rien ne s'oppose à ce que les documents anciens des Hébreux portent la marque linguistique d'une influence araméenne. D'après Genèse 31 Laban parlait l'araméen. David fit la conquête de Damas et autres villes où l'on parlait l'araméen; et il est certain que les Israélites ont été constamment en contact avec les tribus araméennes dans les temps anciens, et jusqu'à notre époque. Les cas sporadiques de l'emploi de mots araméens ne peuvent donc rien prouver, lorsqu'il s'agit de fixer la date d'un document hébreu.

Une théorie qui rendrait récents tous les documents bibliques.

En second lieu, les critiques qui veulent prouver que certain livre appartient à une date récente, citent volontiers les mots de ce livre qui ne se trouvent nulle part ailleurs, ou seulement peut-être en quelque document prétendu récent, ou encore dans l'hébreu du Talmud. Ce genre de travail peut avoir son utilité pour montrer les particularités d'un auteur, mais il ne concourt pas nécessairement à prouver la date du document étudié. Car il y a dans l'Ancien Testament trois mille mots dont chacun ne s'y trouve que cinq fois, ou moins de cinq fois; et quinze cents, qui ne s'y trouvent qu'une seule fois. De plus, ceux de ces mots qui, se trouvant ailleurs dans le Talmud, se trouvent aussi dans tous les livres, et presque dans tous les chapitres de l'Ancien Testament. Si donc ils donnaient la preuve de la postériorité d'un document, il faudrait en conclure que tous les documents sont récents! Conclusion si absurde que personne n'oserait la soutenir.

Formes littéraires Hébraïques se trouvant dans les littératures Babylonienne et Egyptienne.

Après cette étude de la langue de l'Ancien Testament, il est naturel que nous nous tournions vers sa littérature, pour examiner si les formes littéraires des divers écrits hébreux sont bien telles que nous pouvons l'attendre, de documents écrits à l'époque à laquelle ils prétendent avoir été écrits. Et ceci, nous ne pourrons le savoir qu'en étudiant la littérature comparée et l'histoire contemporaine (19) des documents qui nous occupent. Abordant alors les très riches collections littéraires de la Babylonie et de l'Egypte, nous trouvons dans l'une, ou dans l'une et l'autre, toutes les formes littéraires rencontrées dans l'Ancien Testament, à l'exception, peut-être, des discours des prophètes. Comme aucune discussion sérieuse de dates, ou d'auteurs, ne s'élève à propos des ouvrages des prophètes, du fait de leur forme littéraire, l'affirmation générale ne sera pas contestée, car la poésie, l'histoire, les lois et les biographies ont souvent des oeuvres exactement correspondantes pour la forme et le style, dans les nombreuses productions des grandes nations, voisines d'Israël.
{(19) Pour plus amples détails à ce sujet, voir l'article de R. D. Wilson: "Scientific Biblical Criticism". Princeton Theological Review, 1919.}

Même exactitude dans le domaine de la législation.

Relativement aux lois, on peut dire que non seulement pour la rédaction de chaque loi particulière, mais aussi pour la manière dont elles sont rassemblées en une sorte de code, il existait pour les Israélites un modèle remontant à Hammourabi, contemporain d'Abraham. Il est vrai que le code d'Hammourabi contient presque uniquement des lois civiles et criminelles, comme ce que nous avons en certains chapitres du Deutéronome. Mais le plan du Tabernacle, Exode 25 à 29 peut être comparé aux plans des temples babyloniens qu'on déposait dans les pierres des fondations et auxquels Nébuchadnetsar et Nabounahid font souvent allusion. Les lois des Hébreux contre la lèpre et autres maladies du même genre, ressemblent aux lois des anciens Sumériens. Il est presque certain que les cérémonies soigneusement fixées des temples égyptiens et babyloniens, devaient être réglées d'après des formulaires écrits; bien que jusqu'ici nous n'ayons découvert aucun code complet en ces matières.
Il semble donc impossible de mettre en doute que Moïse, élevé dans toute la sagesse des Egyptiens, ait pu rédiger sous la direction divine les lois du Pentateuque, quelque 1500 ans av. J.-C. Lycurgue, Mahomet, Charlemagne, Pierre le Grand, Napoléon ont bien produit un travail du même genre, sans avoir reçu comme Moïse, de secours divin spécial. De ce que des systèmes de lois et de constitutions n'ont jamais été pratiqués ou n'ont pas été observés de façon permanente, il ne s'ensuit pas qu'ils n'ont pas été écrits et formulés.
Théodoric et Alfred le Grand, et même Charlemagne, instituèrent des gouvernements qui leur survécurent à peine. Or, les critiques donnent généralement une importance capitale au fait qu'il n'est presque rien dit de la loi avant le règne d'Ezéchias ou même celui de Josias: et ils affirment que le code sacerdotal ne fut complètement établi que sous Esdras.

Un argument tiré du silence, qui ne prouve rien.

C'est là un argument tiré du silence, qui ne prouve absolument rien. Il y a une histoire des Etats-Unis intitulée Scribner's écrite par William Cullen, Bryant et plusieurs autres. Son index a 53 pages sur double colonne. Or, dans cet index le mot "presbytérien" n'existe pas; le mot "chrétien" ne s'y trouve qu'une fois, et ceci dans l'expression "Commission chrétienne", le mot "église" apparaît deux fois seulement. Or, nous avons là l'histoire d'une République fondée par des chrétiens observant le Dimanche, s'intéressant aux Missions en pays étrangers, possédant un nombre très élevé d'églises et d'oeuvres chrétiennes. L'ouvrage a trois mille cinq cents pages in-quarto, et ne fait pas mention du Jour d'Actions de Grâces (Thanks giving Day), ni des jours de Jeune et de Prière observés pendant la Guerre Civile, ni de la Bible, si ce n'est dans les relations de la Société biblique avec l'esclavage!
Il est impossible également de nier l'existence d'une loi, du fait que celle-ci n'est pas parfaitement observée; et parce que le peuple fait ce qu'elle interdit. Est-ce que la vague de crime qui balaie le monde depuis la fin de la guerre, prouve que l'Evangile n'existe pas? Pendant toute une semaine, en décembre 1920, la première page de l'un des grands quotidiens New-Yorkais était à peu près remplie d'affaires de meurtres, de cambriolages et autres crimes, au point d'avoir à peine la place pour mentionner quoi que ce soit d'autre. Ignorait-on les Dix-Commandements dans la ville de New-York?
Mais les critiques nous disent qu'une longue période de développement était nécessaire avant qu'un tel système de lois put être formulé, accepté et mis en vigueur. Je suis volontiers d'accord sur ce point; mais je prétends que la période de développement nécessaire peut s'être écoulée avant l'époque de Moïse, et que l'acceptation loyale de la Loi par le peuple, et son application dépendait bien plus des conditions morales de ce peuple, que de sa préparation intellectuelle. Pour ce qui est de l'intelligence requise, il n'y a rien dans la Loi qui n'aurait pu être écrit mille ans auparavant, en Babylonie ou en Egypte. Alors comme aujourd'hui, ce qu'il fallait pour faire le bien et haïr le mal, c'était la puissance spirituelle et l'inclination morale, bien plus que le discernement intellectuel. Au, cours des générations successives d'Israélites, chaque membre de la nation devait se convertir, soumettre son âme aux enseignements de la Loi et y conformer sa conduite. Mais l'ancienne Eglise juive avait ses hauts et ses bas, ses époques de foi ardente ou de déclin et de dépérissement, tout comme l'Eglise chrétienne des temps modernes.

Tout le temps nécessaire à la révision des lois.

Les critiques prétendent encore qu'on discerne des progrès, des transformations, dans les lois formulées dans les livres de l'Exode (20-24), du Lévitique et du Deutéronome. La chose peut être admise. Mais comme quarante ans s'écoulèrent entre l'arrivée au pied du Sinaï, et le discours définitif que prononça Moïse à Sittim, il y eut tout le temps nécessaire pour la révision des lois, et leur adaptation à toutes les variétés de circonstances que pouvait rencontrer le peuple élu. Et c'est là, me semble-t-il, une réponse suffisante. Voyez les modifications apportées aux lois sur la pêche en Pensylvanie en quarante ans écoulés; ou les changements intervenus dans la législation sur les tarifs, ou les chemins de fer, aux Etats-Unis! D'ailleurs, les lois qui semblent différentes pour un même objet, sont, en réalité, des applications diverses dans les relations différentes avec cet objet, comme M. Wiener l'a si clairement montré dans son ouvrage intitulé: "Etudes sur la Loi Biblique". Quelques lois, comme celle sur le Revenu aux Etats-Unis (Income Tax Law) qui est imprimée sur notre feuille de déclaration annuelle, sont des lois d'une portée générale qui s'appliquent à tous tandis que les articles détaillés de cette même loi, ont pour but de guider les fonctionnaires chargés des recouvrements; comme aussi autrefois, les prêtres et les Lévites qui officiaient au sanctuaire.
Qu'il y ait des répétitions dans les lois sur le Sabbat, les fêtes, l'idolâtrie, etc., ne prouve pas qu'il y ait plusieurs auteurs. Les faits centraux d'un nouveau système sont souvent mis en relief par de semblables répétitions, comme nous le voyons dans presque tous les chapitres du Coran, et dans presque chaque épître de l'apôtre Paul. Nous ne discernons pas toujours très bien pourquoi les auteurs se répètent; mais il y a lieu de supposer que, pour eux-mêmes, c'était clair. C'est là une question de motifs, et non de texte ou de preuve. Ce que dit le Traité de Versailles est évident; mais pourquoi ceux qui firent le traité stipulèrent-ils ceci ou cela? La raison n'est pas toujours apparente, et ne peut être montrée avec évidence.

Les "Rédacteurs" de la loi furent-ils de négligents éditeurs?

Qu'il y ait d'apparentes contradictions parmi tant de lois, la chose est presque inévitable. Quelques-unes sont dues sans doute à des erreurs de transmission; surtout si, ce qui semble probable, les documents originaux, étant en écriture cunéiforme, furent ensuite fixés en écriture alphabétique. Quelques lois semblent contradictoires qui, en réalité, se rapportent à différentes personnes ou à différentes circonstances. Si elles étaient aussi contradictoires et irréconciliables que les critiques le prétendent, nous aurions le droit de nous étonner qu'elles n'aient pas été supprimées par l'un ou l'autre des nombreux et habiles rédacteurs, éditeurs et diaskeuasts (réviseurs) travailleurs anonymes dont nous bénissons la mémoire, et que les critiques prétendent et affirment avoir mis des siècles à l'élaboration de ces lois. Certainement, les contradictions prétendues n'ont pu leur échapper. Certainement, les lois incriminées ne leur ont pas paru jurer avec la mentalité des prêtres du second Temple, et des scribes et des pharisiens qui devaient en assurer l'exécution. Certainement, si des contradictions réelles existent dans ces lois, il est plus vraisemblable qu'elles n'existaient pas dans les anciens documents et qu'elles se produisirent dans leur transcription, au cours de siècles nombreux, plutôt qu'au temps de Jérémie ou d'Esdras, ce scribe diligent dans la Loi de Moise.

Ceux qui élèvent des objections voudraient-ils répondre à quelques questions?

Avant de laisser le sujet de la Loi, il peut être bon de poser quelques questions à ceux qui s'élèvent contre ce que dit la Bible, sur l'origine des Lois mosaïques. Ces questions réclament une réponse, me semble-t-il, avant qu'on puisse accepter la théorie des critiques sur l'origine de ces Lois, théorie qui ne repose sur aucune preuve directe.
Premièrement: Si les chapitres 20 à 24 de l'Exode et le Deutéronome furent écrits au temps des royaumes d'Israël et de Juda, comment expliquer qu'il n'y soit fait mention qu'une fois du roi (Deutéronome 17) et encore dans un passage de lecture et d'explication difficiles, et qui se prétend antérieur? Et pourquoi ce passage ne fait-il aucune allusion à la Maison de David? Et pourquoi l'accent y est-il mis très particulièrement sur les dangers d'un retour en Egypte?
Deuxièmement: Si ces lois furent écrites des centaines d'années après que le Temple fut construit, pourquoi ne mentionnent-elles jamais ni Sion, ni Jérusalem, comme endroit où les hommes doivent aller pour adorer?
Troisièmement: Pourquoi n'y est-il pas question du Temple? Et pourquoi celui-ci est-il remplacé par un Tabernacle "mythique". dont le plan est élaboré avec le plus grand soin jusque dans les détails les plus minutieux? Et pourquoi, si le plan en question fut dressé à Babylone, en l'an 500 av. J.-C. ressemble-t-il davantage comme forme et diversions intérieures, à un temple égyptien qu'à un temple babylonien?
Pourquoi l'accent est-il mis sur l'aspersion du sang?
Quatrièmement: Si les lois du code Lévitique furent rédigées à Babylone, comment se fait-il que le sang répandu y occupe une place si importante? Et comment expliquer que toutes les offrandes principales fussent sanglantes? alors que dans la religion babylonienne, il est douteux qu'aucune allusion soit jamais faite à la valeur du sang, et qu'on n'a, jusqu'ici, retrouvé aucun terme correspondant au mot hébreu d'autel (mizbeach) dans la langue babylonienne? Comment se fait-il aussi que presque tout le vocabulaire babylonien, qui se rapporte aux rites cérémoniels, diffère du vocabulaire hébreu? Pourquoi les noms hébreux des diverses pièces du costume des sacrificateurs, des pierres du pectoral, des sacrifices, de l'autel, des nombreuses cuillères et autres ustensiles nécessités par le service des fêtes, de l'arche de l'alliance, de la multitude d'articles divers employés à sa construction, des péchés et de la propitiation pour les péchés, enfin les noms de presque tous les actes de l'amour divin dans la rédemption diffèrent-ils presque complètement des mots babyloniens? Comment expliquer tout cela, si vraiment les cérémonies du second temple furent d'abord conçues près des fleuves de Babylone, à l'ombre de la tour de Bel?

Le très soigneux camouflage d'Esdras!

Cinquièmement: Si la loi cérémonielle fut écrite entre les années 500 à 300 av. J.-C., à une époque où la Perse exerçait sa domination, comment expliquer l'absence totale des coutumes et des mots persans du document lévitique? Comment se fait-il qu'Esdras et ses contemporains employèrent tant de mots persans dans leurs autres ouvrages, et qu'ils les évitèrent si complètement dans leur plus long travail? En vérité pas un mot de persan! Quel soin ils doivent avoir apporté à cette oeuvre de camouflage, pour pouvoir la mettre au compte de Moïse! Ils auraient mieux fait de consacrer leur temps et leurs peines à ôter de leur texte les fautes prétendues, jurant les unes avec les autres.
Sixièmement: Si la religion des Israélites est le produit d'un développement naturel, comme les religions des nations voisines, comment se fait-il que les Phéniciens, qui parlaient en substance la même langue que les Hébreux, ont un vocabulaire qui diffère presque complètement du leur, pour les rites cérémoniels, les sacrifices et les objets des sacrifices? Et comment se fait-il que les Phéniciens et les Carthaginois, ainsi que les habitants des colonies de ces deux peuples, demeurèrent polythéistes jusqu'au bout?
Septièmement: Si la loi cérémonielle fut écrite après l'exil seulement, alors que tous les Juifs depuis Eléphantine, en Egypte, à l'Ouest, jusqu'à Babylone, à l'Est, parlaient et écrivaient l'araméen, comment se fait-il qu'elle fut écrite en un hébreu si différent de tout ce que nous trouvons dans quelque dialecte araméen que ce soit, que presque chaque mot devait être traduit pour être compris des Juifs parlant l'araméen! Nous faudrait-il supposer que les Hébreux exilés inventèrent arbitrairement leur vocabulaire religieux, alors que leur langue avait cessé être parlée par toute grande agglomération d'hommes vivants? Devons-nous croire qu'ils inventèrent ou empruntèrent les noms des pierres du pectoral? puis, qu'ils oublièrent si complètement leurs noms équivalents en langue araméenne, qu'à peine quatre des targums (ou versions araméennes) s'accordent seulement sur le sens de deux mots, trois ou plus? Enfin pourquoi les articles du costume, les noms des sacrifices, les matériaux employés pour le tabernacle, les verbes qui indiquent les actes cérémoniels et, de fait, la teinte générale et les nuances particulières de toute cette description diffèrent-ils si complètement de l'époque qu'on prétend lui assigner?
Huitièmement: Comment expliquer qu'il y ait dans l'araméen du Targum et du Talmud tant de racines, tant de mots empruntés à l'hébreu de l'Ancien Testament? Car une comparaison de l'hébreu de l'Ancien Testament avec l'araméen des Targums, puis de tous ces documents avec le syriaque, montre qu'environ six cents racines et mots trouvés dans les deux premiers ne se retrouvent pas en syriaque, non plus qu'en aucun dialecte araméen, autre que ceux qu'écrivaient les Juifs. Les critiques ont l'habitude de dire que ces mots sont des aramaïsmes en langue hébraïque; mais il est évident que si les Juifs, écrivant en araméen deux cents ans après J.-C. ont pu emprunter des mots d'hébreu à l'Ancien Testament pour leurs traductions et leurs commentaires, il était impossible que des auteurs hébreux vivant deux à cinq cents ans avant le Christ, empruntassent pour leurs travaux littéraires des mots araméens qui ne furent en usage qu'à partir de l'an 200 de notre ère ou même plus tard. Toutes les "Introductions" à l'Ancien Testament, ont besoin être révisées sur ce point.
"Au texte, et au témoignage!"
Qu'un mot ne se trouve qu'une seule fois dans l'Ancien Testament, puis, réapparaisse quelque cinq cents ans ou mille ans plus tard, dans quelque document araméen écrit par les Juifs, c'est chose possible. Dire que ce mot pouvait se trouver dans l'araméen parlé avant que le document hébreu fût écrit, mais que l'écriture ne le fixa qu'en l'an 200 de l'ère chrétienne, ne prouve rien. On peut répondre que le mot existait dans le langage hébreu, mille ans avant qu'on l'écrivit. Dans cet essai d'argumentation sur ce qui ne se trouve pas dans les textes, une conjecture en vaut une autre. Je veux bien laisser tous les cas de ce genre et m'en référer uniquement au texte, au témoignage écrit que nous donnent les documents en notre possession; mais je demande aussi que ceux qui attaquent les Ecritures veuillent bien rester sur le terrain de ce "qui est écrit". Au texte, et au témoignage! Avec eux, restons debout, ou tombons.

Pourquoi les critiques rejettent-ils les livres des Chroniques?

Laissant maintenant l'examen de la loi mosaïque, je passe à cette réglementation que, nous est-il dit, David établit pour guider les Lévites dans le service du sanctuaire, et plus particulièrement dans la partie musicale qui devait accompagner le culte. Au cours de notre étude, nous devrons examiner pour quelles raisons les critiques rejettent le caractère historique du Livre des Chroniques, où nous avons de si fréquentes références à la musique du premier temple (20). Puisque l auteur ne relate que les règlements de David au sujet des classes des Lévites, des chanteurs et choses semblables, on peut supposer que pour les autres parties du culte, des ordonnances étaient déjà en vigueur.
{(20) Pour plus ample examen au sujet des "Chroniques", voir l'article indiqué à la note 19.}
Personne assurément ne s'aviserait de nier qu'un temple fût alors construit à Jérusalem, sur le mont de Sion, par David et Salomon. Toute l'histoire postérieure de Juda et d'Israël se meut autour de ce fait central. Les analogies chez les anciens peuples et toute la littérature d'Israël prouvent, sans que le doute soit permis, que ce temple doit avoir été construit.
Or, quand ce premier édifice eut été élevé, il ne fut besoin que d'y transporter les Lévites, et le rituel déjà existant: en y apportant seulement les modifications réclamées par un lieu de culte plus vaste et plus digne. L'ancien sacerdoce du temple de Silo et les anciennes lois du Tabernacle sur les sacrifices et pour les fêtes suffisaient; mais pour que les cérémonies fissent plus d'impression, fussent mieux en rapport avec la magnificence et la splendeur de la Maison élevée pour le Dieu d'Israël, David institua de nouveaux règlements, par exemple sur les moments des services, et la manière de les célébrer. Toute chose, qui n'est pas indiquée comme ayant été introduite par lui, doit être supposée comme existant déjà avant lui.
Puisque David et Salomon construisirent le temple, le simple bon sens suffit pour penser qu'ils organisèrent les tribus en classes régulières pour le service régulier du sanctuaire. Moïse avait déjà donné à ces prêtres leur costume, analogue à celui des prêtres d'Egypte, et des autres ordres sacerdotaux du monde. Il avait aussi prescrit ce qui concernait les offrandes, et les époques auxquelles il fallait les apporter; il avait indiqué le but de ces offrandes. Comme les Egyptiens et les Babyloniens, les Israélites aussi avaient pour les cérémonies des jours de fête, une réglementation comme celle qu'on attribue à David, afin d'empêcher toute confusion, et d'assurer la décence dans la Maison de Dieu.

Une théorie contradictoire faite pour soutenir la thèse.

Faudrait-il supposer qu'à l'occasion des grandes fêtes, on ne faisait point de place à la musique, ni aux cantiques de louanges à l'Eternel? Même les tribus les plus sauvages ont de la musique aux jours de fête! Nous savons que les anciens Egyptiens avaient de nombreuses hymnes à Amon et autres dieux; que les Assyriens, les Babyloniens et même les Sumériens avant eux, prenaient leur plaisir dans le chant de cantiques de louange et de pénitence qui faisaient partie de leur culte. Ces hymnes étaient toujours accompagnées de musique instrumentale. Quelques-unes, en Babylonie et en Egypte, étaient écrites et courantes, des centaines et même des milliers d'années avant l'époque de Salomon; et des instruments de musique existaient dès ces temps reculés. Devons-nous penser que seuls parmi les autres peuples de l'antiquité, les Israélites n'avaient ni musique vocale, ni musique instrumentale pour les services du temple? Les critiques soutiennent que c'est sous la forme poétique, que s'expriment d'abord les pensées et l'histoire d'un peuple. Plusieurs affirment que le cantique de Déborah précède toutes les autres productions littéraires de la Bible.
La plupart des critiques admettent que David a composé effectivement la complainte sur Saül et Jonathan.
Mais ils nient qu'il soit l'auteur des Psaumes de louange et de pénitence. Pourquoi? Parce que cela s'accorde avec leur théorie qui veut que les Psaumes aient été rédigés pour le service du second temple. En même temps, ils soutiennent que certains poèmes: tels les cantiques de Déborah et de Miriam, les bénédictions de Jacob et de Moïse, furent composés des siècles avant les documents historiques qui les contiennent. Mais les Psaumes, assurent-ils, furent tous, ou presque tous, composés après la captivité. Quelles raisons ont-ils pour soutenir ces théories, qui semblent si contradictoires? Absolument aucune qui repose sur une preuve quelconque; à moins que leur désir en soit ainsi, aux seules fins d'étayer leur conception de l'histoire de la religion d'Israël, soit appelé une preuve. Nous savons tous à quel état le monde a été réduit par la théorie allemande que "la volonté du pouvoir" équivaut au pouvoir lui-même. Rappelons-nous qu'il y a ici une conception allemande, et que la volonté d'avoir le texte de l'Ancien Testament tel qu'ils le désirent, équivaut pour eux à posséder le texte tel qu'ils le veulent. Leur "vouloir" de puissance a détruit la puissance qui existait en réalité: et leur "vouloir" à l'endroit du texte a détruit le texte lui-même.

Les auteurs des Psaumes n'auraient pas attribué leur oeuvre de façon absurde à des écrivains d'avant la captivité.

Naturellement, il est aisé de constater qu'il est question de musique dans les livres des Rois. Mais celle-ci tient une place plus importante dans les livres des Chroniques; les en-têtes de nombreux Psaumes attribuent ceux-ci à David: et, pour trois d'entre eux, à Moïse et à Salomon. Il est difficile de supposer qu'un auteur aurait rendu son oeuvre ridicule en y insérant des indications dont la fausseté aurait éclaté aux yeux de ses contemporains. Que tous les en-têtes soient ou non exacts, il est absurde de supposer que les auteurs auraient attribué tant de Psaumes à des écrivains préexiliques, alors que leurs contemporains auraient su que toute la collection datait de l'époque qui succéda à la démolition du premier temple, si tel avait été le cas. La supposition la plus naturelle, c'est que David réunit un nombre suffisant de Psaumes pour répondre aux besoins des cérémonies du culte.
Le sens commun et l'analogie universelle nous obligent donc à croire qu'un service bien ordonné et conduit par des prêtres selon des règlements établis, et avec une partie musicale en rapport avec la dignité de la Maison de Dieu, selon toutes les convenances, doit avoir existé parmi les Hébreux, certainement dès l'érection du premier temple; et probablement dès que le Tabernacle fut dressé, et que les fêtes annuelles furent établies. Les historiens des cours royales, de la diplomatie et de la guerre, comme l'auteur des livres des Rois, peuvent négliger de mentionner ces choses: mais nous pouvons avoir la certitude qu'elles existaient. Le temple lui-même en donne la preuve. L'expérience universelle la donne. La pierre des lamentations dans les fondations du temple, devant laquelle s'assemblent aujourd'hui les Juifs, pour pleurer les gloires, depuis longtemps passées, du Mont de Sion, et la glorieuse demeure du Dieu d'Israël, témoigne que les traditions relatives au doux Psalmiste d'Israël, n'étaient pas qu'inventions de l'imagination, et créations mythiques de temps postérieurs.
D'autre part, pourquoi les critiques traitent-ils les livres des Chroniques, comme si leurs récits, qui s'ajoutent à ceux "des Rois", n'étaient pas dignes de foi? Ils assurent que la liste généalogique de 1 Chron. 3:17-24 ramènerait la date de la composition des Chroniques, à l'an 300 av. J.-C., et que nous ne pouvons nous appuyer sur un document écrit si longtemps après les événements enregistrés. Mais en même temps, ils accordent tous que le texte de ce passage n'a pas été correctement transmis, et que son interprétation admet comme date de composition, celle de la sixième génération après Zorobabel. Comme le mot fils de toutes les généalogies semblables, signifie: successeur, qu'il s'agisse d'un vrai fils, d'un fils adoptif, ou d'un successeur officiel, nous sommes autorisés à supposer, d'après l'analogie des listes similaires, qu'il suffit d'attribuer une période moyenne de quinze à vingt ans à chaque génération de sacrificateurs ou de rois. Et comme Zorobabel vécut environ 520 ans av. J.-C. ce calcul donnerait, comme date probable pour les livres des Chroniques, l'an 400 av. J.-C.

Le "Jaddua" des "Chroniques" et celui de Josèphe, ne sont pas nécessairement le même.

On a souvent avancé, que la mention de Jaddua comme souverain sacrificateur rendait impossible la date ci-dessus. Cette prétendue impossibilité ne peut pas être soutenue pour les raisons suivantes: Premièrement, on suppose que le Jaddua, dont il est fait mention dans Néhémie 12:11, 22, est le même personnage que le Jaddua de Josèphe, qui était souverain sacrificateur lorsque Alexandre vint à Jérusalem en l'année 336 av. J.-C. Mais les critiques eux-mêmes affirment que le récit de cette visite ne mérite aucune créance. Alors, pourquoi considèrent-ils que le nom et l'époque indiqués par Josèphe pour le souverain sacrificateur sont les seuls points de ce récit, assez digne de foi pour rejeter la date fixée par les "Chroniques"?
D'ailleurs, il peut y avoir eu deux souverains sacrificateurs du nom de Jaddua, exactement comme il y eut de l'an 300 à l'an 100 av. J.-C. deux ou trois souverains sacrificateurs du nom de Simon, et six du nom de Onias. Ou bien encore le même Jaddua peut avoir été souverain sacrificateur en 400 et aussi en 336 av. J.-C. Josèphe dit qu'il était extrêmement vieux, et qu'il n'était pas rare que les gens de sa situation atteignissent quatre-vingt-dix ans ou plus. Personnellement, j'ai eu un arrière-grand-père et un grand-oncle qui vécurent plus de cent ans, une arrière grand-mère qui mourut à quatre-vingt-dix-neuf ans, un grand-oncle à quatre-vingt quatorze, un autre à quatre-vingt-douze. Ma mère est morte à quatre-vingts ans et six de mes oncles et tantes moururent entre quatre-vingt et quatre-vingt-dix ans. Chacun d'eux était assez vigoureux, et avait vécu assez longtemps pour être souverain sacrificateur durant soixante-cinq ans, quelques-uns durant quatre-vingts ans, s'ils avaient vécu à l'époque des Chroniques et avaient été éligibles à cet office.

Réfutation absolue de l'argument d'Edwald, concernant le titre de "Roi de Perse".

Deuxièmement: Les critiques affirment qu'Esdras, Néhémie et les Chroniques reçurent leur forme définitive d'un rédacteur unique; et que celui-ci doit avoir vécu pendant la période grecque, parce qu'il donne aux rois de Perse leur titre de "Rois de Perse". Ewald, le grand critique allemand, dit "qu'il n'était pas nécessaire et "qu'il était contraire à l'usage de l'époque" de nommer les rois de Perse par leur titre de "Roi de Perse" pendant qu'ils régnaient, et que par conséquent la présence de ce titre dans un document montre que celui-ci doit avoir été écrit lorsque l'empire persan avait cessé d'exister. Or, l'auteur de ces lignes a montré par une induction reposant sur tous les titres des rois d'Egypte, de Babylone, d'Assyrie, de Grèce et de toutes les autres nations de cette partie du monde, les Hébreux y compris, en étendant ses recherches de l'an 4000 av. J.-C. jusqu'à Auguste, que c'était la coutume de tous les temps, de toutes les langues, de tous les royaumes, de faire usage de titres semblables à celui-ci (21). De plus, il a montré que le titre de "Roi de Perse", fut donné à Cyrus en l'an 546 av. J.-C. par Nabonaïd, roi de Babylone, sept ans avant d'être employé par aucun des auteurs sacrés: et que Xénophon en fit usage en l'an 365 av. J.-C., probablement quarante ans après le moment de sa dernière insertion dans un document biblique. Il a aussi montré que, durant les années qui vont de l'an 546 à l'an 365 av. J.-C., le titre de "Roi de Perse" fut employé à 38 reprises différentes par dix-huit auteurs différents, dans dix-neuf documents différents, dans 6 langues différentes, dans cinq ou six contrées diverses: et qu'il est employé dans des lettres et dans l'indication de dates dans la Bible, exactement de la même manière que dans les documents extra-bibliques. Enfin, il a prouvé que les auteurs grecs, postérieurs à la période persane, n'avaient pas l'habitude d'employer ce titre (22).
{(21) Voir les articles de R. D. Wilson sur "Les Titres des Rois des Temps Anciens" dans "La Revue de Théologie de Princeton." 1905-1906.}
{(22) Voir l'article de R. D. Wilson dans le "Festschrift Edouard Sachau", Berlin 1911.]

L'ignorance inexcusable de certaines preuves, de la part de critiques notables, est exposée.

Ainsi, au sujet du titre de "Roi de Perse" par une masse de preuves incontestables il est démontré que les auteurs des livres des Chroniques, d'Esdras et de Daniel, sont d'accord avec l'usage contemporain des documents écrits dans la période persane, et qu'ils sont en désaccord avec l'usage courant des temps grecs. C'est donc la Bible qui a raison; et il est démontré que le professeur Ewald de Göttingen, le plus grand savant allemand de son temps pour l'Ancien Testament, les professeurs Driver et Gray d'Oxford , auteurs de nombreux livres et de nombreux articles dans l'Encyclopoedia Britannica", "Hastings", et "The Expository Times" ont tort. Tous auraient pu prendre connaissance des preuves qu'on trouve dans Hérodote, Thucydide, Eschyle, Xénophon, et autres auteurs grecs. Les Docteurs Driver et Gray auraient dû lire eux-mêmes, ou se faire lire par le Professeur Sayce ou le Dr. King, ou le Dr. Budge, ou faire rechercher par eux, les preuves que fournissent sur ce sujet les auteurs babyloniens et persans, ceux de Suse et d'Egypte. Quiconque n'est pas arrivé à une suffisante maîtrise des langues dans lesquelles sont écrits les textes qui, contenant les preuves sur des sujets comme les titres des rois de Perse, ne peut être appelé un témoin expert; et, devant un tribunal, il serait disqualifié.
J'ai lu avec soin et à bien des reprises, ce que les critiques ont écrit, au sujet de ce titre; et je n'ai pu découvrir dans leurs travaux la moindre indication qu'ils eussent jamais consulté d'autres sources originales que les auteurs grecs, hébreux ou araméens. Et, même dans ces limites, ils n'ont accusé aucune attention aux grands auteurs grecs que nous venons de citer. Si les critiques se sont montrés si négligents, si peu dignes de confiance sur les points, où il est possible de contrôler leurs affirmations, comment pourraient-ils s'attendre à ce que nous les croyions sur les points où leurs dires ne peuvent être contrôlés? Et si les assertions des écrivains de la Bible sont confirmées, lorsque nous pouvons les contrôler par les preuves du dehors, (celles de la littérature de leur temps) n'est-il pas juste de supposer qu'elles sont aussi correctes sur les points, où dans les limites de notre connaissance, il n'y a point de preuves pour ou contre?

Les variations de nombres seront mieux comprises, quand on aura découvert les signes numériques employés par les enfants d'Israël.

Les autres objections soulevées contre l'exactitude et la véracité des livres des Chroniques sont surtout d'un caractère essentiellement subjectif: elles sont absolument dépourvues de preuves objectives; ou bien elles reposent sur des interprétations impossibles à contrôler. Sommes-nous obligés d'admettre, par exemple, qu'un millier de milliers signifie exactement un million, ni plus ni moins? Cela ne pourrait-il pas être synonyme de "Beaucoup, Innombrable, Millier"? tout comme l'expression "à une génération de générations" signifie de nombreuses générations? Et les critiques qui prétendent que le récit de la conspiration contre Athalie, tel qu'il se trouve au livre des Chroniques, est inconciliable avec celui du Livre des Rois, sont-ils sûrs que le capitaine et la garde du livre des Rois ne peuvent être les prêtres et les lévites, que mentionnent les Chroniques? D'ailleurs, comment espérer de pouvoir expliquer toutes les contradictions apparentes de documents plusieurs fois millénaires?
Quant aux différences relevées dans les nombres que donnent l'une et l'autre source, elles sont probablement dues à des façons différentes de lire les signes originaux. Mais comme nous ne savons pas quels signes employaient les Hébreux, nous ne pouvons pas actuellement discuter de façon intelligente les raisons possibles de ces variations, et nous ne le pourrons pas, aussi longtemps que le système des signes numériques employés par les Israélites n'aura pas été découvert. Et tout le monde sait combien il est difficile de copier exactement les signes numériques. Il n'y a généralement rien dans le contexte, pour aider à déterminer le chiffre exact des combattants d'une armée, ou le nombre des tués d'une bataille donnée. La chose importante, c'est de savoir qui a remporté la victoire.
Il m'est arrivé de m'enquérir de la population d'une certaine ville du Sud, aux Etats-Unis. Une personne me répondit: 40.000 habitants; et une autre 120.000. Et comme je demandais l'explication de cette contradiction, on me dit qu'il y avait dans la ville 40.000 blancs et 80.000 nègres. Les deux évaluations étaient exactes; mais si elles avaient été écrites chacune dans un document différent, voyez quelles accusations d'inexactitude auraient pu lancer plus tard les savants historiens!

Il n'est pas nécessaire que l'auteur des Chroniques ait copié le livre des Rois.

De plus, dans leurs observations sur les livres des Chroniques, les critiques partent de la supposition que, dans les parties de cet ouvrage, qui sont parallèles à celles des livres "des Rois", l'auteur a simplement copié ce dernier document, et qu'il n'a pas eu d'autre source d'information sérieuse. Or, l'auteur des Chroniques lui-même, nous dit qu'il a puisé à de nombreuses sources. Les critiques peuvent-ils produire quelques bonnes raisons pour montrer qu'il n'a pas eu ces sources? Puisque les Chroniques des Rois d'Israël ne furent pas détruites par Sargon, quand la Samarie fut vaincue, puisque les livres d'Osée et d'Amos et les parties soi-disant Elohistes et Jéhovistes du Pentateuque et le Deutéronome et autres documents hébreux ne furent pas détruits lors de la destruction de Jérusalem par Nébuchadnetsar, pourquoi supposer que les annales des rois d'Israël et de Juda n'existaient plus, quand les auteurs des livres des Rois et des Chroniques rédigèrent leurs ouvrages?
Puisque tant de centaines d'oeuvres écrites par les anciens Grecs, (telles que celles mentionnées par Pline) (23) ont, depuis, complètement disparu, pourquoi ne pourrions-nous pas supposer que les Juifs du temps d'Esdras possédaient aussi de nombreux documents disparus aujourd'hui depuis longtemps? La version araméenne de l'inscription de Behistien, de Darius Hystaspis (1) et l'ouvrage d'Ahikar en araméen, qui furent enfouis à Eléphantine durant deux mille trois cents ans, et qu'on a retrouvés de nos jours seulement, prouvent que les Juifs, parlant l'araméen des cinquième et sixième siècles av. J.-C., produisirent au moins quelques travaux littéraires, qui s'ajoutent aux parties en langue araméenne d'Esdras et de Daniel. (24) Combien de documents de ce genre en langue hébraïque ou araméenne ont-ils possédés? Nous ne pouvons le dire; mais il est probable que ces documents furent nombreux. Nous ne pouvons voir de raison suffisante pour refuser de croire ce que nous affirme l'auteur des Chroniques: qu'il put puiser à des sources diverses, s'étendant de l'époque de David jusqu'à la sienne. Il dit qu'il possédait ces sources. Comment les critiques peuvent-ils savoir qu'il ne les avait pas?
{(23) Histoire naturelle, livre 1.}
{(1) Behistum ou Bisoutoum; ville de Perse. Aux environs se trouve le rocher à pic, anciennement nommé: Mont Baghistanus, sur lequel Darius Hystaspis fit graver des inscriptions cunéiformes pour remercier les dieux de lui avoir accordé la victoire sur les rebelles de son empire, (516 av. J.-C.) Les principales inscriptions qui sont en persan, en babylonien et en scythe, se trouvent sur l'une des faces du rocher, à une hauteur de 300 pieds au-dessus du niveau de la base. (Note de la Trad.)}
{(24) Voir Sachau: Papyrus.}
L'une des attaques les plus injustifiables contre les écrits de l'Ancien Testament, se trouve dans cette présomption que la majeure partie des grandes productions poétiques et légales, et quelques-unes des plus belles prophéties, furent écrites pendant la période de décadence politique et littéraire, qui suivit l'an 500 av. J.-C. Lorsque l'exil eut pris fin, la seule époque durant laquelle nous pourrions attendre quelque renouveau littéraire fut celle qui s'étend de l'an 200 av. J.-C. jusqu'à Pompée. Et de fait, c'est bien à ce moment qu'il faut placer les apocryphes et les pseudépigraphes: "L'Ecclésiastique", "La Sagesse", le "Premier Livre des Macchabées", les "Jubilés", des fragments du livre "Hénoc" et plusieurs autres ouvrages de valeur plus ou moins grande. (25).
{(25) Voyez: Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament, by R. H. Charles.}
Le seul de ces livres, qui nous ait été conservé en hébreu, est l'Ecclésiastique; et il ne s'y trouve aucun mot qui soit certainement grec, et aucun mot d'origine persane, qui ne se trouve dans l'Ancien Testament. (26).
{(26) Voyez: Steack's and Smend's editions.}
Les livres des Chroniques, d'Esther, d'Esdras et de Néhémie portent, en bien des endroits, les marques de l'influence persane. (27). Mais lorsque nous en venons à l'hébreu des Psaumes (dont un grand nombre se voient attribués à cette période par les critiques), ainsi qu'à l'hébreu de l'Ecclésiaste et à la partie hébraïque du livre de Daniel, nous trouvons que le langage de ces livres diffère, d'une façon marquée, de celui de l'Ecclésiastique, comme vocabulaire et comme forme.
{(27) Voyez Driver: Introduction to the Litterature of the Old Testament.}
L'emploi de la conjonction "et" avec le parfait, qu'on nous dit être une marque indiquant que l'Ecclésiaste est un document récent, ne se trouve pas dans l'Ecclésiastique. L'Ecclésiaste n'a pas de mots qui soient, de façon certaine, babyloniens, persans, ou araméens. Les Psaumes dits Macchabéens n'ont point de mots persans ni de mots grecs; et très peu de mots (si même il y en a) qui soient certainement babyloniens; et seulement très peu de ces Psaumes ont dû avoir des mots de formes araméennes.
Durant la période qui s'étend de l'an 500 à l'an 164 av. J.-C., les Israélites furent sous la dépendance des Perses et des Grecs. La seule information sûre de l'époque, concernant un réveil du sentiment national et une semi-indépendance des Juifs, se trouve dans Esdras-Néhémie; nous avons aussi quelques allusions dans les livres de l'Ecclésiastique et de Tobie. Les seules oeuvres littéraires, écrites en langue hébraïque, qui furent sûrement composées pendant cette période de déclin, sont les livres d'Esther, d'Esdras, de Néhémie et les Chroniques. Or, comme l'on peut s'y attendre, tous sont caractérisés par des mots persans, babyloniens et araméens; et même le livre d'Esdras est presque à moitié composé en araméen.

Prophéties qui ne contiennent pas de mots Persans ou Grecs.

Mais que dire au sujet des livres de Jonas, de Joël, d'Esaïe 24-27, du Code sacerdotal, du Cantique des Cantiques et du très grand nombre de Psaumes que les critiques placent, de façon arbitraire, dans cette période? Il ne s'y trouve pas un mot qui soit persan de façon certaine, pas un seul mot grec. Pas un seul mot babylonien, qui n'appartienne déjà à la littérature ancienne, n'apparaît dans aucun de ces livres; et à peine un mot que les critiques puissent prétendre être un aramaïsme. On ne saurait trouver de plus grand contraste, comme langue, style et pensée, dans toute la littérature de l'Ancien Testament, que celui qui existe entre les livres qui montrent qu'ils ont été écrits et ceux que les critiques prétendent avoir été écrits dans cette période.
Il est à souhaiter que le lecteur apprécie la valeur et la portée de ces faits. La Haute Critique, selon ce qu'affirme le Dr. Driver dans son "Introduction à la Littérature de l'Ancien Testament", est fondée "sur une étude comparée des documents". Personne ne s'élèvera contre cette méthode d'investigation. Seulement tenons-nous en aux résultats. Ne transportons pas les faits objectifs au milieu de nos idées subjectives et ne laissons pas celles-ci l'emporter sur ceux-là.

Rien, dans 1800 ans d'histoire, de nature à infirmer l'Ancien Testament.

En dernier lieu, nous jetterons un coup d'oeil sur l'histoire de la religion d'Israël. Il faut admettre qu'avant de pouvoir aborder cette histoire, nous devons préciser deux grands faits: d'abord les dates des documents sur lesquels cette histoire repose; 2. l'attitude à prendre devant le miracle et la prophétie. Pour le premier de ces faits j'ai déjà donné un certain nombre de raisons montrant qu'il n'y a point de motifs suffisant pour croire que le Pentateuque n'est pas de Moïse, que David n'a pas écrit un grand nombre de Psaumes; montrant que la langue comme l'histoire nous donnent toutes les raisons de supposer que tous les livres, à quelques exceptions près, furent composés avant l'an 500 av. J.-C. Je n'ai pas essayé de fixer les dates exactes de composition ou de rédaction définitive des livres écrits avant cette époque, ayant surtout cherché à montrer que rien dans l'Histoire du monde de l'an 2000 à 64 av. J.-C. ne s'inscrit en faux contre la possibilité, et même la probabilité de l'authenticité de l'histoire d'Israël, telle qu'elle se trouve dans l'Ancien Testament. Malgré quelques contradictions apparentes, quelques passages difficilement explicables de façon satisfaisante à cause de notre ignorance de tous les faits, il n'y a rien dans l'histoire d'Israël telle que la donne la Bible, qui fasse paraître celle-ci incroyable ou fausse. Personne n'a de connaissance suffisante pour pouvoir affirmer avec certitude que l'un ou l'autre des livres prophétiques n'a pas été écrit par l'auteur dont il porte le nom. Personne n'a de connaissance suffisante pour affirmer que les rois et autres personnages mentionnés n'ont pas dit et fait ce qui leur est attribué.
Puisque nous pouvons accepter les documents de l'Ancien Testament comme exacts en substance, nous passerons maintenant à l'examen de cette autre question: La religion Israélite telle qu'elle est présentée dans l'Ancien Testament, est-elle vraie? Mais il serait inutile d'essayer de résoudre cette question, si, d'abord, nous n'admettions pas au moins que Dieu peut faire connaître à l'homme sa volonté. Quiconque admet cette possibilité est sur la bonne voie pour devenir chrétien. Mais celui qui la nie ne peut devenir chrétien, ni même théiste. Pour ceux qui croient en la résurrection de Jésus et à ce qu'elle implique touchant la Personne et l'Ïuvre du Fils de Dieu et de Ses Apôtres, sous la conduite du Saint Esprit, la question de l'histoire de la religion d'Israël revêt un caractère et un but tout différents. Elle fait partie du plan divin pour la rédemption du monde. Ceux qui acceptent comme véritables les déclarations des auteurs du Nouveau Testament et celles du Seigneur, accepteront aussi comme vrai ce qu'ils disent de l'Ancien Testament, aussi longtemps qu'il ne sera pas prouvé que c'est faux. Et si l'on montre que l'Ancien Testament ne s'accorde pas avec ce que le Christ et les Apôtres ont dit, il y a lieu de supposer que le texte n'a pas été bien transmis, ou qu'il n'a pas été correctement interprété.

Le plan, le but et le peuple de l'histoire de la rédemption offrent une base raisonnable pour la foi.

Quiconque croit que Dieu a parlé aux hommes par le moyen des prophètes, auxquels il donna un message pour Son peuple, a une attitude foncièrement différente de celui qui rejette cette affirmation répétée des centaines de fois dans l'Ancien Testament. Un croyant ou théiste peut accepter les déclarations des livres de l'Ancien Testament, particulièrement à la lumière du Nouveau Testament, et croire qu'elles sont bien ce qu'elles paraissent être. S'il est démontré que certaines des assertions de l'Ancien Testament sont inexactes, il fera remonter la faute à une corruption du texte ou à une interprétation défectueuse. Car il est convaincu que la Bible contient la révélation du plan divin pour la rédemption de l'humanité, sa délivrance de l'esclavage du péché pour la sainteté et la vie éternelle. Tout ce qu'il désire voir établi, tout ce qu'il lui faut, c'est de savoir que ce plan divin est venu jusqu'à nous sous une forme suffisamment digne de foi pour atteindre le but que s'est proposé l'Auteur divin. Le chrétien raisonnable peut se réjouir; il peut croire que c'est bien ainsi que la Bible est venue jusqu'à nous. Le plan divin s'y trouve, il apparaît clair comme le jour dans les documents de l'Ancien et du Nouveau Testament. Le but aussi s'y trouve. Le peuple juif a existé et existe selon les Ecritures, comme une preuve toujours présente que le plan et le but sont bien de Dieu.
De même, l'existence de l'Eglise chrétienne donne la preuve que l'Evangile du salut est destiné au monde entier. Cet évangile a toujours satisfait le besoin et l'espérance de la nature humaine, qui recherche le pardon et la communion avec Dieu; et aujourd'hui, il les satisfait encore. Des millions d'âmes triomphent dans leur foi actuelle et meurent dans la paix et l'espérance d'une vie bienheureuse et éternelle. La Bible et l'Eglise sont les fondations de cette foi, de cette paix, de cette espérance. L'histoire d'Israël est continuée par l'histoire de l'Eglise chrétienne. Celui qui attaque l'une attaque l'autre. Unies, elles demeurent; divisées, elles tombent. Ensemble elles offrent un fondement suffisant à la croyance que Dieu ne s'est jamais laissé sans témoins, qu'Il aime l'humanité et veut que tous les hommes croient et parviennent à la connaissance de la vérité. Considérée à la lumière de l'histoire du monde du commencement à nos jours, l'histoire de la religion de l'Ancien Testament, telle que nous la trouvons dans les livres eux-mêmes, sans révision, et loyalement interprétée, est rationnelle et digne de confiance. C'est dans cette foi que nous vivons, c'est dans cette foi que nous voulons mourir.

Monstruosité imaginée comme parallèle à la négation de l'histoire de l'Ancien Testament.

Bien que ce plan divin, ce but divin de rédemption soit évident et pénètre toutes les Ecritures, il existe aujourd'hui des auteurs faisant profession d'être chrétiens, qui traitent la religion d'Israël comme si elle était le produit d'un simple développement naturel. Ils relèvent diligemment tous les exemples de rites superstitieux, d'oublis de la Loi, de désobéissances aux commandements divins, comme si ces erreurs et ces manquements constituaient la véritable religion de l'Israël d'autrefois. Ils coupent en morceaux les livres, ils tronquent les documents, ils modifient le texte, et en tordent le sens; pour le mettre d'accord avec les vues perverties de leur propre fantaisie. Ils semblent croire qu'ils savent bien mieux que les Prophètes, les Apôtres, et même que le Seigneur Lui-même, ce que les Ecritures doivent avoir été! Ils nous disent quand les révélations ont dû se produire, comment et où elles ont dû être données, et leur teneur possible, comme si, sur tous ces points, ils en savaient davantage que Dieu Lui-même! Imaginez un homme écrivant l'histoire des derniers dix-huit cents ans écoulés, et niant que le Nouveau Testament ait existé durant toute cette période, niant l'existence de l'Eglise chrétienne avec ses doctrines de salut et ses institutions charitables, niant son système social de bienfaisance fondé sur le Nouveau Testament, système qui, en un certain sens, triomphe depuis quinze cents ans au moins, uniquement parce qu'il a pu relever pendant ces siècles, des milliers d'exemples de coutumes superstitieuses, de faits diaboliques, de paroles impies, parce qu'il a découvert des gens qui de leur propre aveu sont agnostiques, et des athées qui narguent le ciel et sont la honte de l'histoire de leur temps!

Ramper en quête d'insectes, ou cueillir des violettes?

Ne nous traînons pas sur le sol, pour chercher les insectes ou les vers de terre des religions presque oubliées, que, peut-être, on peut découvrir sous les pierres et les mottes de l'Ancien Testament, alors que les violettes et les lys de la vallée de la foi douce et humble s'épanouissent à chaque page, et que chaque oracle, que révèle la Parole de Dieu, résonne des chants d'une allégresse infinie.
La véritable religion d'Israël procède de Dieu, et elle est venue à l'homme toute parée des vêtements magnifiques de la justice et de la vie. Il est impossible de substituer à cette parure céleste une robe faite de mains d'hommes, si belle que celle-ci puisse être.








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