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DES
PEUPLES EN BONNE SANTE
LE REGIME MEDITERRANEEN
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"Tout en buvant bien et en ne se privant de rien, les peuples
méditerranéens sont beaucoup moins sujets que ceux
du Nord de l'Europe aux maladies cardio-vasculaires, au cancer,
à l'obésité, à l'ostéoporose,
au diabète, à la cataracte et à la maladie
d'Alzheimer. C'est ce que révèlent les statistiques
de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l'Organisation
de Coopération et de développement économiques
(OCDE). Or, ni le climat, ni la génétique, ni le
niveau de stress n'expliquent ces différences : il ne reste
que l'alimentation pour en rendre compte.
Plusieurs équipes de nutritionnistes, en France et à
l'étranger, sont récemment parvenues à la
conclusion que les effets bénéfiques de la nourriture
méditerranéenne sont dus aux fibres et aux micronutriments
qu'elle contient. Les scientifiques avaient d'abord cru que le
secret de l'alimentation méditerranéenne résidait
dans un bon dosage des protides, des lipides et des glucides -
constituants essentiels des aliments. Mais ils ont constaté
que cette répartition est à peu près identique
dans la cuisine des pays nordiques.
Reprenant le problème à zéro, les nutritionnistes
ont comparé les régimes méditerranéen
et nordique, afin de voir par quels aliments ils se différenciaient.
Le premier fait la part belle aux légumes frais et variés,
aux fruits, aux céréales, à l'huile d'olive,
au vin, à l'ail, à l'oignon et aux herbes aromatiques
(thym, romarin, sauge, sarriette...) Le second ne fait appel à
ces produits qu'en quantité bien moindre - voire pas du
tout...
Les chercheurs ont analysé un à un les aliments
spécifiques du régime méditerranéen,
afin de mettre en évidence leurs caractéristiques.
Ils ont constaté leur extrême richesse en fibres
et en micronutriments. Par la suite, ils ont démontré
que ce sont bien ces substances, et elles seules, qui exercent
une action bénéfique sur la santé.
Longtemps négligé, l'intérêt des fibres
alimentaires est maintenant reconnu. On désignait autrefois
par ce terme les polysaccharides des parois végétales
(cellulose, hémicellulose, pectine), peu ou pas digérés
dans l'intestin grêle mais dégradés par la
flore microbienne du gros intestin. Aujourd'hui, ce terme désigne
l'ensemble des glucides complexes peu digestibles dans l'intestin
grêle - essentiellement d'origine alimentaire.
L'organisme a besoin d'environ 30 g de fibres par jour. Elles
sont présentes dans tous les végétaux, en
particulier dans les enveloppes externes des graines (riz, par
exemple). Certaines fibres de type visqueux, comme la pectine
des fruits, ralentissent le transit intestinal, ce qui a pour
effet d'étaler dans le temps l'absorption des nutriments
par la paroi de l'intestin grêle, alors que d'autres ont
plutôt tendance à l'accélérer...
De nombreuses enquêtes épidémiologiques ont
montré que les fibres, surtout celles fournies par les
légumes et par les produits céréaliers, réduisent
le taux des cancers digestifs. On suppose qu'elles jouent également
un rôle protecteur dans le cancer du sein. Enfin, en raison
de leur faible pouvoir calorique, elles préviennent l'obésité
et le diabète de type II, appelé aussi diabète
de type gras ou diabète non insulino-dépendant,
qui survient surtout chez l'homme mûr ou âgé,
du fait d'un excès d'énergie dû à la
consommation excessive de matières grasses. "Les fibres
diminuent sensiblement la sécrétion d'insuline postprandiale
qui suit les repas) et ont donc un effet inhibiteur sur l'apparition
des diabètes de type II", nous dit Christian Rémésy,
directeur de recherche à l'Institut de la recherche agronomique
(INRA) de Clermont-Ferrand. Les fibres peuvent également
agir de façon décisive dans la prévention
des maladies cardio-vasculaires, car, selon le chercheur de l'INRA,
elles favorisent l'élimination du cholestérol de
l'organisme par la voie biliaire...
La majorité des biologistes attribuent le processus du
vieillissement et le développement d'un grand nombre de
pathologies (maladies cardio-vasculaires, cancers, maladies inflammatoires)
à la production par l'organisme de molécules oxygénées,
les radicaux libres.
Ces molécules, dites libres parce que leur couche périphérique
contient un électron libre, sont produites au niveau des
mitonchondries, les "centrales thermiques" de l'organisme.
C'est là que l'oxygène apporté par la respiration
brûle les graisses fournies par l'alimentation, pour produire
et stocker l'énergie nécessaire au métabolisme
cellulaire.
Or, de même qu'une usine produit des déchets, le
métabolisme cellulaire en engendre aussi : ce sont justement
les radicaux libres. Des molécules très toxiques
pour l'organisme, car elles altèrent les structures et
les fonctions de l'ADN, des protéines et des lipides, avec
pour conséquence une accélération du vieillissement.
Les premiers radicaux libres émis dans le sang sont les
radicaux superoxydes. Très actifs, ils se déplacent
dans l'organisme, où ils finissent par rencontrer une enzyme,
la superoxyde dismutase. Il s'ensuit une réaction chimique
de l'eau oxygénée. Cette substance, potentiellement
toxique, est alors transformée en eau ordinaire par une
enzyme nettoyeuse, le glutathion peroxydase. La vie cellulaire
résulte donc d'un équilibre entre la production
d'eau oxygénée et son inactivation par l'enzyme
de nettoyage.
Cependant, à la suite d'une consommation excessive d'alcool,
d'une pollution intensive ou, plus simplement, au cours du vieillissement,
il arrive que l'enzyme nettoyeuse vienne à manquer. L'eau
oxygénée peut alors engendrer, en présence
d'ions métalliques (fer, cuivre), d'autres radicaux libres
: les radicaux hydroxydes, beaucoup plus toxiques pour le cellule
que les premiers.
Pour s'en débarrasser, l'organisme fait appel à
des substances antioxydantes capables de les piéger. Ces
antioxydants sont justement les vitamines, les oligo-éléments,
les polyphénols, et les caroténoïdes, c'est-à-dire
l'ensemble des micronutriments qui se trouvent en abondance dans
la cuisine méditerranéenne.
En étudiant spécifiquement chacun de ces micronutriments,
les chercheurs ont montré que les vitamines E et C réduisent
le risque des affections coronariennes et préviennent de
manière spectaculaire la cataracte. Les caroténoïdes
contenus dans les fruits et les légumes contribuent, pour
leur part, à améliorer les réponses immunitaires
et semblent jouer un rôle préventif majeur vis-à-vis
des cancers de la peau et du poumon.
Quant aux polyphénols, ils diminuent le risque de mortalité
par affection cardio-vasculaire. Ils peuvent aussi affecter les
diverses phases de la cancérogenèse. D'abord, ils
freinent l' "initiation" (première phase de transformation
cellulaire due à l'altération de l'ADN) en inhibant
les enzymes d'activation des cancérogènes, dont
ils favorisent la détoxication (processus par lequel un
produit perd sa toxicité). Ensuite, ils retardent la phase
de "promotion" (expansion clonale des cellules transformées)
en facilitant, par exemple, l'apoptose ("suicide" des
cellules).
Les études ont aussi montré que certains polyphénols,
comme la quercétine de l'oignon, ont des propriétés
antitumorales au niveau de l'intestin grêle, du côlon,
de la glande mammaire, et d'autres, comme la tangétérine
des agrumes, peuvent freiner les métastases...
Il n'empêche que, dans l'ensemble, les effets bénéfiques
de l'alimentation méditerranéenne sur la santé
sont incontestables... Depuis la nuit des temps, les Méditerranéens
ont su d'instinct adopter une alimentation saine. La science vient
d'en faire la démonstration." 2
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"Dans les années 50, plusieurs chercheurs ont signalé
que des différences de modes de vie et probablement de
régimes alimentaires pouvaient jouer un rôle primordial
dans le développement de certaines maladies, comme les
maladies cardio-vasculaires. L'un d'eux, Ancel KEYS a décidé
d'entreprendre une étude comparative de plusieurs populations
afin d'en faire la preuve.
Pour cela, il a comparé l'alimentation dans sept pays :
la Finlande, les Etats-Unis, la Hollande, l'Italie, la Yougoslavie,
la Grèce et le Japon. Ces pays ont des habitudes alimentaires
bien particulières et pour certains, il a étudié
les modes de vie de deux régions différentes : au
Japon et en Grèce où il a retenu la Crète
et Corfou.
LE
REGIME CRETOIS
Les résultats
de cette étude montrent que la Crète bénéficie
du taux de mortalité le plus bas, avec un chiffre particulièrement
faible en maladies cardiaques, suivi du Japon, de Corfou, de la
Yougoslavie et de l'Italie. Les trois pays en fin de liste étant
la Hollande, les Etats-Unis et enfin le Finlande dont les habitudes
alimentaires sont, il est vrai bien éloignées des
pays du Sud.
C'est ainsi que l'alimentation du Crétois a été
analysée avec précision. Elle a peu changée
depuis des siècles, exception faite de certains aliments
comme les agrumes et les tomates entrés peu à peu
dans les repas. Depuis l'Antiquité, son alimentation s'est
composée de céréales, de légumes et
de fruits. Viandes, poissons et coquillages sont consommés
en très petite quantité... Les deux principales
céréales étaient le blé et l'orge
que l'on mangeait non raffinées sous forme de bouillies,
de semoule ou de galettes. Les légumes secs étaient
beaucoup cultivés (pois chiche, fèves, lentilles)
ainsi que les légumes verts (bettes, cardons, fenouil etc).
Mais la Crète était surtout le plus gros producteur
d'olives du pourtour méditerranéen. On mangeait
le fruit conservé dans la saumure et on fabriquait l'huile
qui servait à une multitude de choses : aliment, soins
du corps, éclairage, offrande religieuse, médicament.
On récoltait aussi les amandes, les pistaches, les noix,
les pommes, les nèfles, et le miel était le seul
produit sucré que l'on utilisait.
Parmi les aliments cités, il restait à déterminer
celui qui protège l'organisme crétois, à
moins que ce soit le régime dans son ensemble qui apporte
un parfait équilibre.
Un bon équilibre
En affinant les
recherches, il est apparu que l'alimentation crétoise s'approchait
d'un équilibre nutritionnel parfait. Les Crétois
privilégient certains aliments comme dans les autres pays
de la Méditerranée. En effet, ils consomment plus
de pain, de pâtes, de riz, de légumineuses : ce sont
des glucides dits "lents" parce qu'ils sont digérés
et assimilés très progressivement par l'organisme.
En conséquence, le glucose issu de ces glucides reste plus
longtemps dans le sang pour nourrir les muscles et le cerveau.
Les glucides "rapides" (produits sucrés) quant
à eux, provoquent une sécrétion accrue d'insuline
qui favorise un retour de l'appétit dès que le glucose
est brûlé, ils sont consommés en moindre quantité.
L'apport en glucides dans toute l'alimentation équilibrée
doit représenter la moitié des calories totales
absorbées, avec seulement 10 % en sucre. Dans bien des
pays, ces chiffres sont très différents, les glucides
lents étant délaissés au profit des matières
grasses et des produits sucrés.
Le bienfait
des fruits et des légumes
Les Crétois
mangent des légumes frais et des condiments (ail, oignon,
citron, herbes aromatiques) et surtout beaucoup de fruits. Ces
aliments véhiculent les précieuses fibres alimentaires
qui ne sont pas absorbées par l'organisme mais qui joue
un rôle important dans le fonctionnement intestinal. On
sait également que ces mêmes fibres ainsi que la
vitamine E jouent un rôle protecteur dans le cancer du gros
intestin. Les bienfaits des fibres sont nombreux et malheureusement
leur consommation a beaucoup diminué au cours des dernières
décennies, l'intensification du raffinage et la modification
des habitudes alimentaires expliquent ce recul.
De précieuses
vitamines
D'autre part,
les légumes et les fruits consommés en abondance
apportent les fameuses vitamines C et E, vitamines antioxydantes
qui protègent les cellules de l'attaque des radicaux libres,
ces substances qui endommagent nos cellules. Le premier des antioxydants
est la vitamine C qui intervient dans de nombreux mécanismes,
elle augmente la résistance des capillaires sanguins et
agit en synergie avec la vitamine E et les caroténoïdes
(les pigments des fruits) pour lutter contre la venue des maladies
cardio-vasculaires. Enfin, elle permer d'éviter bon nombre
d'infections et semble prévenir les risques d'apparition
de certains cancers, tout en retardant les mécanismes du
vieillissement.
La vitamine E que l'on trouve dans les légumes verts mais
aussi dans toutes les graines oléagineuses, les céréales
et bien sûr dans l'huile d'olive agit au niveau des membranes
ne nos cellules en les protégeant.
Il existe dans les fruits et les légumes des substances
qui possèdent des fonctions encore inexpliquées
les pigments. Ils ont pour nom : les flavonoïdes qui colorent
en jaune les fruits et cumulent des propriétés antioxydantes
et anti-inflammatoires, les anthocyanes, pigments rouge foncé
et les tannins qui semblent eux aussi exercer une action favorable
sur le plan cardio-vasculaire. Viennent ensuite les caroténoïdes
qui donnent à la carotte et au melon sa belle couleur orangée
et qui ont un rôle précurseur dans la synthèse
de la vitamine A.
Sans oublier, le sélénium et le zinc, le premier
est présent surtout dans les fruits frais, le second dans
les fruits secs. Ces deux oligo-éléments sont impliqués
dans les processus de vieillissement..." 3
Microconstituants
inhibiteurs de la cancérogenèse 4
Groupe
phytochimique
|
Sources
alimentaires
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Polyphénols |
Fruits, Légumes,
baies, noix, soja, safran |
Flavonoïdes |
Fruits, Légumes,
agrumes... |
Composé
soufrés allylés |
Plantes alliacées
(ail, poireaux, oignons, ciboulette) |
Isothiocyanates |
Crucifères |
Terpènes |
Huiles Essentielles
d'agrumes, réglisse |
Indoles
|
Crucifères
|
Chlorophylles |
Végétaux
vert |
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