CENTRE EUROPEEN DE RECHERCHE ET D'APOLOGETIQUE

 


Werner GITT

 
Résumé : La bactérie Escherichia coli est des plus communes. A ce titre on la cultive et on l'étudie dans nombre de laboratoires. On l'utilise aussi couramment en biotechnologie. Naguère ce protozoaire aurait passé pour un être simple, rudimentaire. En fait, il est d'une complexité qui défie notre imagination, comme en témoigne son ADN et surtout l'étonnant "flagelle" qui lui permet de se mouvoir.

UN MOTEUR ELECTRIQUE... VIVANT!

 

 

Bonjour, je m'appelle Escherichia. Pas besoin de vous donner tant de peine, vous ne me trouverez pas ! Je suis invisible à l'œil nu et pourtant je suis installé au bout de votre index "légèrement sale".
Trois cents individus de notre espèce, rangés à la queue leu leu, formeraient une chaîne d'un millimètre seulement. Plus ténue que le fil le plus fin, vous ne pourriez l'apercevoir. Mises côte à côte, à raison d'un millier de chaînes de 300 individus chacune, elles ne couvriraient alors qu'un mm 2 de l'extrémité de votre doigt.
En réalité, "Escherichia" n'est pas du tout mon vrai nom. C'est celui du savant qui, le premier, m'a observé au microscope, puis décrit. A la suite de cela, on m'a donné le nom d'Escherichia coli. Ce nom "coli" indique ma demeure habituelle : votre intestin.
Aucune raison d'en éprouver la moindre honte ! En compagnie de plusieurs millions de mon espèce, je remplis des fonctions bien précises. [On] m'a spécialement conçu pour apporter une importante contribution à votre alimentation. A l'intérieur de votre intestin, je décompose les constituants nutritifs normalement inutilisables pour les rendre assimilables par la paroi intestinale.
Vous ne m'en voudrez pas, j'espère, si je me sers au passage ! Dans une large mesure, cependant, notre utilité dépasse les limites de cette fonction. En colonies de densité normale, par exemple, nous vous offrons une protection efficace contre les microorganismes nuisibles ou pathogènes. Ce n'est qu'en pénétrant dans les tissus hors de votre intestin que nous devenons nocifs pour vous. Par conséquent, usez de prudence, ne négligez jamais votre hygiène corporelle ! Comme vous ne pouvez me voir, j'aimerais vous faire une description sommaire, bien agrandie évidemment !
Pour vous donner une idée de ma forme, essayez de vous représenter un pain oblong de 3 livres. Six lanières de fouet à son extrémité, mesurant largement 2 m chacune. Observons-les de plus près. A l'endroit où elles sortent de la miche, vous remarquez pour chacune d'entre elles une espèce de coude qui les fait dévier à angle droit. Maintenant représentez-vous l'ensemble tournoyant à très vive allure jusqu'à 100 rotations par seconde, vitesse deux fois plus élevée que dans vos générateurs d'électricité. Ces lanières, appelées "flagelles", ont l'apparence de cheminées rondes constituées de briques. Sur plusieurs couches, elles sont disposées en bandes hélicoïdales de la base au sommet. Imaginez une cheminée d'un mètre de diamètre, mesurant 1000 mètres de haut. Les briques de mes flagelles sont en réalité des molécules accrochées les unes aux autres, forcément bien plus souples que les pierres rigides. Il faut en outre vous représenter cette cheminée tournant à grande vitesse et se vrillant comme un tire-bouchon. N'oubliez pas qu'en réalité mon flagelle mesure 1/20 000ème de millimètre au maximum.
[On] m'a doté d'éléments merveilleux, extrêmement compliqués. C'est pourquoi je vis, je puis me mouvoir, me nourrir, me reproduire et, en plus, vous être utile. Tenez ! La construction apparemment quelconque de ma paroi cellulaire est en réalité d'une extrême complexité. Elle est composée de différentes membranes, d'une couche de protéines, d'un squelette de soutien, de polysaccharides, d'une couche de lipides, etc... Ma chaîne d'ADN, sur laquelle [on] a stocké les informations nécessaires, atteint en gros une longueur mille fois supérieure à la mienne. Vous rendez-vous compte ? Quel système ingénieux et raffiné ne fallait-il pas inventer pour plier cette chaîne de molécules de manière à ce qu'elle soit correctement disposée dans mon organisme !

 

 

 

 

Sans parler de l'inimaginable densité de stockage d'informations qu'elle représente ! Au fait, saviez-vous que ma chaîne d'ADN contient autant de lettres que votre Bible tout entière ?
Je ne peux pas m'étendre davantage sur d'innombrables détails fort surprenants de mon organisme. Il faut cependant que je vous parle à tout prix de mes six moteurs électriques. Ils me sont absolument indispensables pour mes déplacements. Comme tout moteur électrique, ils sont constitués d'un stator, d'un rotor, et de roulements. A la surface de la membrane extérieure, l'AXC, incorporé dans la double membrane externe, se dresse en position verticale (voir fig. 1). La membrane interne constitue la couche isolante - appelée "diélectrique" en terme technique - d'un condensateur, chargée positivement à l'extérieur et négativement à l'intérieur. I1 se produit donc une tension électrique d'une valeur de 0,2 V. Des particules chargées positivement (les "ions hydrogènes") circulent de l'extérieur vers l'intérieur à travers les moteurs et fournissent la force électrique pour les mettre en marche. En plus, mes moteurs peuvent marcher en avant et en arrière et me procurer, à l'aide des flagelles en vrilles, une vitesse de l'ordre de 200 microns par seconde, c'est-à-dire 0,2 mm/s. En une seconde, je peux donc nager sur une distance qui correspond à 65 fois ma longueur corporelle, hormis la longueur des flagelles.
Si vous comparer cela à la vitesse à laquelle vous nagez, il vous faudrait filer à 400 km/h ! Certains d'entre vous supposent que la construction géniale de ce moteur est le résultat de mutations combinées avec la sélection naturelle. Cependant, n'oubliez pas que, tant qu'un élément n'est pas complètement terminé, tous les autres "développements" sont inutiles. Un moteur encore incapable de tourner ne présente, à mon avis, aucun avantage de sélection.
Il faut maintenant vous parler de ma sensibilité spécifique à certaines substances chimiques. [On] m'a doté de la faculté de nager activement aux endroits fortement concentrés en nutriments. De plus, lorsque je suis exposé à des substances nocives, ,je détecte leur présence et peux les éviter. Mais tout cela nécessite un système de navigation extrêmement raffiné capable de transmettre aux six moteurs les signaux de direction à suivre. Vous comprenez, un moteur dépourvu de mécanisme de direction me ferait dévier et périr.
De même, un système de navigation, aussi sophistiqué soit-il, ne me sert strictement à rien sans moteur. En effet, à quoi bon connaître les endroits où trouver ma nourriture, si je n'ai pas les moyens de m'y rendre ?
Savez-vous qu'il existe un parallèle fort intéressant entre mon système de navigation et votre vie ? …Comme [on] m'a donné un moteur pour accéder à la source de nourriture, [on] a préparé pour vous un chemin d'accès à la source de vie…

© Le Cep n°7. 2ème trimestre 1999

 

 








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